La baisse des prix des carburants n’est pas si utopique que cela. La banque mondiale vient de le rappeler, mais cela ne peut se faire qu’avec des réformes bien menées. Pour le moment, l’Etat est paralysé par des habitudes héritées de plusieurs années de conformismes. Les réformes nécessaires n’ont pas été engagées auparavant et il est plus que jamais temps de mener une politique raisonnable dans ce domaine. Les mesures ne vont pas être acceptées facilement, mais elles sont nécessaires et paieront à plus ou moins long terme.
Prix des carburants : Faire admettre une réalité incontournable
Les mots utilisés par les conférenciers de la banque mondiale sont assez difficiles à entendre : « la politique de subvention profite aux riches qui sont les plus gros consommateurs de carburant. Ce sont 20% de la population qui en profite alors que 60% utilisent du pétrole lampant. ». Les économistes pourront dire que cela tombe sous le sens, mais cela entraînera beaucoup de mécontentement parmi ceux qui sont qualifiés de privilégiés. Cette catégorie de consommateurs fait partie de la classe dirigeante, et la heurter de front peut être contre productif. Pour le moment, l’Etat ne peut pas se résoudre à appliquer une vérité des prix qui pourrait entraîner une révolte de ces « privilégiés ». La banque mondiale préconise cependant la poursuite des négociations entre le gouvernement et les pétroliers. La marge de manœuvre des deux parties est très étroite car il y a une limite qu’il ne faut pas franchir. Les observateurs se rendent compte que les négociations sont très difficiles car les deux logiques sont incompatibles. D’un côté, on ne veut pas de hausse des prix, de l’autre, on s’accroche au respect des règles du marché. L’annonce faite par le ministère de l’Energie, de l’Eau et des Hydrocarbures de prendre une décision unilatérale et donc de rompre les négociations a été considérée comme un coup de bluff. Ce mouvement d’humeur n’a pas eu de suite car les bailleurs de fonds l’ont minimisé On sait que les pourparlers ont repris. Leur issue pour le moment est incertaine. On se demande qui saura faire plier l’autre.
Patrice RABE