
« Par rapport aux textes en vigueur, l’on peut dire que la Ceni est indépendante. Mais en réalité, il y a quelques points essentiels qui entravent cette indépendance et que l’on doit sérieusement prendre en considération ». Telles ont été les affirmations de Thierry Rakotonarivo, vice-président de la Ceni, hier en marge de la conférence-débat organisée par le Mouvement pour l’Intégrité des Elections et du Leadership (MIEL) à l’ENMG Tsaralalàna ; conférence-débat axée justement sur le thème : « L’indépendance de la Ceni : quels enjeux ? ». A un an des prochaines échéances électorales, la question se pose et intéresse plus d’un. Et pour Thierry Rakotonarivo, l’existence de la Ceni n’est pas à remettre en question. « Madagascar est un pays démocratique qui prône l’alternance démocratique. Ce qui fait que l’unique moyen d’arriver au pouvoir s’effectue par le biais des élections », a-t-il soutenu. Et lui de poursuivre que « la préparation et l’organisation des élections sont confiées à une structure indépendante qu’est la Ceni. Elle est garante de l’égalité de chance des candidats et de la crédibilité des élections ». Néanmoins, le vice-président reconnaît que des failles empêchent l’effectivité de l’indépendance de la commission électorale. « Et d’un, la Ceni n’a pas d’autonomie budgétaire. Ce qui nous oblige à demander de l’aide auprès des bailleurs, altérant en quelque sorte l’indépendance en question. Et de deux, la Ceni est incompétente pour trancher le calendrier électoral et convoquer les électeurs par la suite », lance-t-il. Cette attribution dont se dotait la CENI-T du temps de la transition lui a donc été enlevée.
Session parlementaire spéciale. Philippe Lebon, juriste publiciste auprès du MIEL a décrit que le système électoral actuel s’identifie dans « l’organe de gestion électorale mixte », c’est-à-dire que la Ceni est certes une structure indépendante, mais l’on ne peut pas nier la forte implication de l’Etat dans le processus. Pour y remédier, Thierry Rakotonarivo exige que « les pleins pouvoirs en matière électorale soient attribués à la Ceni ». En d’autres termes, il faut que la loi l’autorise non seulement à organiser les élections, mais surtout à fixer le calendrier le calendrier électoral et à convoquer les électeurs. Pour ce faire, le vice-président demande une session parlementaire spéciale qui permettra au Parlement d’examiner et de voter le projet de texte renfermant les recommandations émanant de la Ceni, des partis politiques et de la société civile pour l’amélioration de l’encadrement juridique des élections. L’attribution ou non des pleins pouvoirs en matière électorale à la Ceni dépendra du vote ou non des parlementaires. Durant le débat, les autres panélistes à l’instar d’André Rasolo, professeur en Sociologie Politique, et de Rabekijana Félix, président du KMF/CNOE, ont ouvert d’autres questions ayant trait à la recomposition de la Ceni ou encore la qualité et l’intégrité des agents électoraux locaux.
Aina Bovel