Les experts de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) seront dans nos murs à partir de la semaine du 20 Août. C’est ce qu’a indiqué le président de la Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante), Hery Rakotomanana, hier, au téléphone. Lui qui a ajouté que ces experts effectueront un audit international des listes électorales après l’audit national, déjà entrepris par la Ceni elle-même. Qu’est-ce qu’ils vont faire concrètement ? Hery Rakotomanana explique ou rappelle (c’est selon) : « Tout le monde est en droit de savoir l’état actuel des listes électorales pour qu’il y ait transparence. De surcroît, il ne faut pas oublier que le système actuel, l’alpha numérique, nécessite la grande participation et la collaboration avec les citoyens. Donc, l’audit international est plus que loisible et opportun ».
Suspicions. En d’autres termes plus simples, l’alpha numérique qu’est loin d’être biométrique et automatique, ne permet pas d’effacer – automatiquement – les personnes décédées des listes électorales, ou d’inscrire – automatiquement aussi – les jeunes fraîchement majeurs, donc en âge de voter. Le but de l’audit international est, donc de constater en amont, l’état actuel des listes électorales, et de dissiper en aval, les suspicions de fraudes électorales dont est victime la Ceni. Mais ce n’est pas tout. L’audit international en question, selon les explications de Hery Rakotomanana, mettra en exergue la transparence des listes électorales ; un sujet extrêmement sensible. A l’issue, un rapport aura lieu mais aucune rectification ne pourrait en être effectuée.
Gel. « Aucune correction ne se fera car nous sommes actuellement dans la période du gel des listes électorales. Il faudrait attendre l’ouverture (ndlr : le 1er décembre prochain) pour pouvoir les réviser », précise le président de la Ceni. Le gel des listes électorales n’est autre que la période durant laquelle, elles ne pourront plus être ni modifiées ni complétées. Aucune inscription n’est possible durant cette période. Dans la nouvelle loi sur le régime général des élections et des référendums, ce gel a lieu à partir du 15 mai (qui équivaut à l’arrêtage définitif des listes électorales) jusqu’au 1er décembre (date d’ouverture de la révision annuelle des listes électorales). C’est là que le bât blesse dans la mesure où les listes électorales arrêtées définitivement avant le gel – nonobstant l’évolution des circonstances (décès ou majorité civile) – sont celles qui seront utilisées durant les élections. Une pratique qui risque de biaiser, que l’on veuille ou non, le processus électoral.
Système intermédiaire. Par conséquent, c’est ce système de gel des listes électorales qui pose problème et qu’il faudrait, dans les meilleurs délais, changer ou au moins écourter. « Avant, l’arrêtage définitif des listes électorales a lieu quinze jours avant la date du scrutin. A cette époque, les critiques étaient axées sur le fait que plusieurs manipulations sont susceptibles d’avoir lieu avec ce système. D’où, le législateur a innové avec ce gel. Mais actuellement, nous sommes conscients que la période entre le 15 mai et le 1er décembre est trop longue. L’idéal, c’est mon avis personnel et cela n’engage que moi, c’est de trouver un système intermédiaire entre l’ancien et le nouveau système », a proposé Hery Rakotomanana. A suivre.
Aina Bovel