
Même si elle est qualifiée de « limitée » par la Banque centrale, la dépréciation continue de l’ariary provoquera une hausse des prix pour cette année 2021.
Morose. Le début d’année commence plutôt mal pour les commerçants. Après une fin d’année qui a été malgré tout positive en termes de vente, les magasins spécialisés dans la vente des produits importés ont connu une baisse significative de leurs chiffres d’affaires, depuis hier.
Le plus long. Une mévente à laquelle se sont d’ailleurs habitués les commerçants à chaque période de début d’année. En somme, janvier sera encore le mois le plus long d’année. Mais la mauvaise passe risque de perdurer non seulement pour les commerçants mais également pour les consommateurs qui peuvent faire face à une flambée des prix. Et pour cause, la dépréciation de l’ariary va impacter sur ces prix. Notamment pour les produits électroménagers qui ont pourtant connu une certaine reprise depuis la fin du confinement où des commerçants ont littéralement bradé leurs marchandises pour se faire un maximum de vente. « Nous avons décidé de réduire considérablement nos prix afin de liquider le maximum de marchandises et pouvoir continuer à tourner », explique le patron d’une chaîne de distribution de produits audiovisuels et électroménagers. Une politique qui lui a permis de liquider son stock et commander d’autres produits. « Si nous voulons continuer à avoir de bonnes relations avec nos fournisseurs, nous sommes obligés de commander le maximum de produits », poursuit-il en ajoutant que « les prix vont inévitablement augmenter à cause de la dépréciation de l’ariary par rapport au dollar ». Les produits dont les prix vont également flamber sont sans conteste les matériaux de construction. « L’année 2020 a été pour nous très difficile car on a très peu vendu, mais 2021 risque d’être pire en raison de la hausse attendue des prix », souligne le propriétaire d’un grand magasin de matériaux de construction. Un autre produit a toutefois la chance d’être épargné par cette tendance haussière. Celui des voitures neuves. Et ce pour la bonne et simple raison que la plupart des concessionnaires disposent encore d’un stock suffisant. « A cause de la mévente de l’année dernière, due à la crise sanitaire, nous ne sommes pas obligés de commander de nouvelles voitures, cette année », explique un concessionnaire.
Traditionnellement négative. En tout cas, cette situation conforte les inconvénients d’une économie dépendant encore du commerce extérieur à Madagascar qui est au rang de 125éme économie exportatrice du monde et le 135éme importateur. La balance commerciale de la Grande île est traditionnellement négative et cette dépréciation de l’ariary risque d’aggraver la situation. Et ce, même s’il s’agit d’une dépréciation limitée, d’après la Banky foiben’i Madagasikara. Par ailleurs, l’inflation est prévue d’être « stable et conforme à la perspective de redressement économique » d’après l’exposé des motifs de la loi de finances initiale 2021 qui mise sur une inflation de +6,2% en fin de période. En effet, « cette prévision anticipe notamment les effets induits par la hausse du cours du pétrole en cohérence avec la perspective de croissance économique mondiale prévue à 5.2% pour 2021, ainsi que la dépréciation limitée de l’Ariary. De plus, compte tenu de l’évolution de la Covid-19, les chaînes d’approvisionnement ne fonctionneront normalement que vers le premier trimestre 2021, impactant négativement le niveau de l’offre sur le marché ». A noter qu’hier sur le marché interbancaire des devises (MID), l’ariary a encore connu une légère dépréciation par rapport aux cours de clôture l’année 2020. Le dollar était à 3830 ariary, hier contre 3824 ariary le 30 décembre. Alors que l’euro affichait un taux de 4690 ariary contre 4686 ariary lors de la dernière séance du MID.
R.Edmond.