Jean Louis Robinson et Hery Rajaonarimampianina, les deux candidats au deuxième tour ont exposé hier devant les membres des groupements patronaux, en l’occurrence le GEM, le SIM, la FIVMPAMA et la Tranoben’ny Tantsaha des extraits de leur programme économique. Plus particulièrement sur les mesures d’urgence qu’ils prendront en faveur du développement économique en général et du secteur privé en particulier. Une séance, ou plutôt deux, puisque les deux candidats ont été interrogés séparément, qui ont permis de dégager la différence entre ces deux personnalités parmi lesquelles les électeurs auront à choisir comme premier Président de la IVe République. Le candidat de Avana est apparemment un bâtisseur pragmatique tandis que Hery Vaovao ho an’i Madagasikara est surtout un grand théoricien qui veut mettre en place un train de mesures de relance économique rapide.
Bâtisseur. « Je ne suis pas un grand économiste, mais je suis pragmatique » devait en substance, déclarer le Dr Jean Louis Robinson qui se dit prêt à travailler avec le secteur privé durant son mandat de cinq ans. Et avec une structure de travail à l’appui puisque pour lui, le moyen le plus efficace d’aider le secteur privé est tout simplement de créer un Secrétariat d’Etat chargé des groupements économiques. En matière d’infrastructures pour le développement, Jean Louis Robinson se veut être un bâtisseur en reconnaissant que Madagascar a plus que jamais besoin de routes, de ponts, d’aéroports pour accélérer son développement. Et parmi ses mesures d’urgence, il se propose de régler rapidement les problèmes de la circulation urbaine. « J’essaierai de mettre un terme aux embouteillages à Antananarivo à travers la constructions d’autoroutes et d’échangeurs » a-t-il déclaré en précisant que l’autoroute reliant la ville d’Antananarivo sera réalisée en l’espace d’un an. Ce genre de projet, rappelons-le était déjà concocté du temps de l’ancien Président Marc Ravalomanana. Concernant le transport aérien Jean Louis Robinson d’annoncer la possibilité de doter chaque district, d’un aéroport.
Connaissance très poussée. Le candidat Hery Rajaonarimampianina a pour sa part montré sa connaissance très poussée de l’économie. En habitué des lois des finances, l’ancien ministre des Finances et du Budget a d’ailleurs fait une projection en déclarant qu’avec son programme économique visiblement très libéral, il est sûr de réaliser assez rapidement un taux de croissance à deux chiffres. Une manière en somme d’annoncer qu’un boum économique est possible à travers un modèle de développement semblable à celui des pays émergents. « Je vais y arriver très rapidement avec une stratégie à mettre en place qui prendra comme modèles les pays émergents » a déclaré le candidat Hery Rajaonarimampianina qui, lui aussi compte associer le secteur privé dans le processus de développement. Dans le domaine des infrastructures, il opte particulièrement pour le désenclavement des zones de production. « On travaillera notamment dans les zones économiques d’évacuation des produits, sans oublier les grandes routes » a-t-il poursuivi, en citant notamment le début des travaux de réhabilitation de la RN9 reliant Toliara à Befandriana sur un trajet de plus de 100 kms, dès l’année prochaine. Là également Hery Rajaonarimampianina a cité un projet qui n’est pas nouveau.
Points communs. En tout cas, malgré une nette différence de personnalités et de perception de l’économie, les deux candidats se rejoignent avec des points communs sur un certain nombre de principes comme l’amélioration de l’environnement des affaires, le dialogue avec le secteur privé, la sécurité des biens et des personnes, la lutte contre la corruption, le rétablissement de la confiance de la population envers les dirigeants. Concernant plus particulièrement la Jirama, les deux candidats, tout en reconnaissant les grandes difficultés traversées par cette entreprise, roulent pour son maintien en tant que société d’Etat mais proposent tous les deux, l’ouverture du secteur énergétique à d’autres opérateurs. Sur Air Madagascar, Hery Rajaonarimampianina qui en est d’ailleurs le Président du Conseil d’Administration de faire entendre qu’il y a la question de la souveraineté nationale et l’image de Madagascar à défendre. En somme, il n’est pas pour la privatisation d’Air Madagascar. Tout comme Jean Louis Robinson qui a tout simplement déclaré qu’on peut laisser d’autres compagnies aériennes opérer sur le ciel aérien malgache. Dans tous les cas, les deux ont eu le mérite d’avoir parlé et promis au secteur privé qu’ils feront tout leur possible pour assurer le développement de l’industrie malgache. A noter que les groupements patronaux n’ont pas tenu à exprimer leur position par rapport à l’un ou l’autre candidat à l’issue des deux séances d’hier. Ils ne feront d’ailleurs campagne ni pour l’un ni pour l’autre.
R.Edmond.