Les professionnelles du sexe apprennent à créer leur propre entreprise. L’objectif étant de contribuer à la réinsertion sociale et économique après l’abandon du commerce du sexe dans le cadre du programme espoir 2.0.
Défi relevé. C’est ce que l’on peut dire des cas des travailleuses du sexe qui ont abandonné le commerce du sexe pour se reconvertir en entrepreneures. C’est le cas pour Anna (prénom d’emprunt) âgée de 22 ans, issue de la ville d’Antsiranana. Elle a commencé à exercer ce vieux métier à l’âge de 18 ans et elle a décidé d’entrer dans le monde de l’entrepreneuriat pour avoir un avenir stable. « Nous sommes confrontées à de nombreux obstacles dans notre quotidien, notamment la violence liée à notre activité puisqu’il ne faut pas non plus nier que certains clients refusent de mettre un préservatif, ce qui constitue un grand risque pour notre santé. Ras-le-bol de ce métier, je me suis lancée dans le petit commerce avec l’argent que j’ai pu mettre de côté après avoir reçu des formations», témoigne-t-elle avant de poursuivre qu’«avec des clients étrangers, je gagnais jusqu’à 200 000 ariary la journée si la passe est tarifée entre 30 000 et 40 000 ariary. Avec mon petit commerce, je ne gagne actuellement que 6 000 ariary par jour, certes, mais maintenant j’ai le sentiment d’être moi-même car j’ai retrouvé ma dignité et je veux être un bon exemple pour mon enfant ».
Formations
C’est loin d’être un cas isolé, de nombreuses travailleuses du sexe ont reçu un appui grâce à Alternatives Madagascar. Des formations en entrepreneuriat, leadership et développement personnel ont été dispensées à 160 professionnelles du sexe de Nosy Be, Sainte Marie, Toamasina, Mahajanga, Antsiranana, Toliara, Morondava et Taolagnaro dans le cadre de la mise en œuvre du programme « espoir 2.0 » . Des descentes sur le terrain ont été effectuées dans ces localités où elles ont été sensibilisées à quitter le trottoir et entrer dans le monde de l’entrepreneuriat. « Elles n’ont reçu aucune aide financière mais nous les avons aidées à retrouver la dignité humaine à travers nos offres de formations qui sont à titre gratuit. Nous les encourageons à changer radicalement de vie, c’est pourquoi nous mettons également en place un programme de suivi pour qu’elles ne puissent plus retourner faire le trottoir », explique Zavaraly Irchade, responsable du programme boot camp national.
Immersion
Pour pérenniser les efforts fournis par les travailleuses du sexe, un programme dénommé « boot camp national pour les femmes vulnérables de Madagascar » a également été mis en place dont le lancement officiel s’est tenu hier à Ambohijatovo. Un événement qui coïncide avec le Global Entrepreneurship Week Madagascar et les 16 jours d’activisme contre les violences liées au Genre. Il s’agit de renforcer les capacités professionnelles de ces bénéficiaires dans les domaines dans lesquelles elles ont choisi de s’orienter. Ainsi, des visites auprès des entreprises partenaires du programme seront programmées cette semaine pour qu’elles puissent avoir un aperçu des réalités sur le terrain. La réinsertion sociale et économique des travailleuses du sexe en est le principal objectif.
Narindra Rakotobe