
La stratégie de BoViMa contribuera à formaliser la filière de l’élevage à Madagascar, et à renforcer la sécurité alimentaire, tout en approvisionnant les marchés locaux en abats riches en protéines.
« Je suis convaincu que le projet de BoViMa va métamorphoser le sud du pays ». Cette déclaration est de Danil Ismaël, PDG du groupe SMTP dans un article publié sur le site Internet de la Banque Mondiale à Madagascar.
Retombées positives. Une affirmation qui a toute sa raison d’être quand on pense aux retombées positives de ce projet pour le sud malgache en particulier, et pour l’économie nationale en général. Le zébu jouant un rôle important dans le contexte socioéconomique malgache. « Depuis plusieurs générations à Madagascar, le zébu est symbole de pouvoir et de prospérité. Cet animal de trait à la silhouette caractéristique, avec sa bosse, ses longues cornes recourbées et son immense fanon sous le cou, figure même sur le blason du pays. Dans les rues animées d’Antananarivo, la capitale de la Grande Île, voitures et taxis Citroën brinquebalants, lui cèdent la priorité — et dans les restaurants chics comme dans les petites gargotes, les clients affamés se délectent de ses steaks grillés », rappelle l’article en question. Et pourtant, ces dernières décennies, le zébu malgache a beaucoup perdu de sa valeur et de son importance en nombre. « Malgré l’importance de cet animal, les troupeaux de zébus ont fortement régressé, de 23 millions de têtes au début des années 80 à environ 6 millions aujourd’hui. Un entrepreneur malgache entend pourtant reconstruire la filière et relancer les exportations de viande de zébu qui ont pratiquement disparu, plombées par des décennies de sous-investissement et le manque de soins vétérinaires adaptés ».
Envergue internationale. Du coup, le projet BoViMa du groupe SMTP arrive à point nommé pour relancer la filière. Compte tenu d’ailleurs de son importance, le projet a obtenu le financement d’un important bailleur qu’est la Société Financière Internationale (IFC). « Soutenue par un prêt de sept millions de dollars et d’importants services de conseil de la IFC, la société BoViMa (Bonne Viande de Madagascar) est en train de construire un parc d’engraissement et un abattoir moderne à proximité de Tolagnaro, dans la région pauvre du sud de Madagascar. Le parc s’approvisionnera en zébus et en aliments pour animaux auprès des éleveurs et des agriculteurs locaux, ce qui créera des emplois et génèrera des activités commerciales ». Un projet d’envergure internationale puisque BoViMa vise à la fois le marché local et extérieur. « Membre du groupe SMTP, BoViMa envisage de produire de la viande de zébus pour le marché national et international, notamment en direction des Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, où la demande explose ». Selon Danil Ismael, « l’entreprise espère ainsi donner un coup de fouet plus que bienvenu à l’économie malgache, où le chômage est endémique et où 60 % des populations en milieu rural vivent de l’élevage ».
Population locale. Le projet a par ailleurs le mérite d’impliquer la population locale. « Nous achèterons les animaux à des agriculteurs locaux ainsi que les 90.000 à 120.000 tonnes d’aliments dont nous aurons besoin chaque année pour nourrir les bêtes. À terme, nous travaillerons avec un réseau d’au moins 12 000 agriculteurs et éleveurs. » selon toujours Danil Ismaël. Actuellement, le projet BoViMa est déjà dans une phase avancée. « L’activité bat déjà son plein sur le chantier, où quelque 250 ouvriers posent les briques et coulent le béton des futurs bureaux, de l’abattoir et du parc d’engraissement de BoViMa. Pour la plupart d’entre eux, il s’agit de leur premier emploi formel. Une fois les installations opérationnelles, BoViMa deviendra le premier employeur de la région. Par ailleurs, les équipes du projet travailleront en collaboration avec les agriculteurs pour associer leurs pratiques traditionnelles à des techniques modernes et durables qui leur permettront d’agrandir leurs troupeaux et d’augmenter leurs revenus. La IFC aide BoViMa à mettre en place une chaîne d’approvisionnement solide, reposant sur un système de gestion du bétail et d’un programme d’aide aux petits éleveurs et agriculteurs ». La stratégie de BoViMa contribuera à formaliser la filière de l’élevage à Madagascar et à renforcer la sécurité alimentaire, tout en approvisionnant les marchés locaux en abats riches en protéines. L’entreprise entend également développer un système d’énergie renouvelable alimenté au biogaz, à l’éolien et au solaire, dans le but de devenir autosuffisante cinq ans après le démarrage de la production, en 2019.
Recueillis par R.Edmond.