- Publicité -
mardi, mai 13, 2025
AccueilSociétéProjet Fiavota : La population de l’Androy interpelle sur le besoin de...

Projet Fiavota : La population de l’Androy interpelle sur le besoin de recadrage

Entre travailler et attendre qu’on nous distribue gratuitement de l’argent, le choix a été vite fait.

Les femmes reçoivent l’argent du projet Fiavota mais doivent rapporter la somme à leur mari. C’est celui-ci qui fixe combien la femme va en bénéficier et à quoi cela doit servir. 

« On ne sait pas ce qu’on vous avance comme information dans la capitale mais selon notre observation, le projet Fiavota n’a pas atteint les populations vulnérables de l’Androy ». Propos d’un défenseur des droits des enfants et de la femme d’Ambovombe pour faire état de la situation qui prévaut actuellement dans la région Androy. Interrogé sur le pourquoi de la chose, notre interlocuteur de déplorer « le népotisme des personnes responsables des ciblages ». « Au lieu de prendre les vraies familles vulnérables d’Ambovombe par exemple, ces personnes ont rempli les listes des bénéficiaires par les noms des membres de leurs familles. Et comme on connaît qu’ici la taille d’une famille est assez importante, l’on imagine l’ampleur des dégâts sur l’évaluation du projet », note le défenseur des droits des enfants et de la femme. Outre la pratique, ce dernier a également interpellé sur le poids de la culture. « C’est la femme qui reçoit l’argent lors des distributions. Elle ne peut toutefois pas y toucher mais doit rapporter la somme à son mari. C’est ce dernier qui va décider de combien sa femme en a besoin et à quoi cela doit servir », avance notre interlocuteur avec amertume. Avant de poser la question « comment voulez-vous que l’argent distribué à titre gratuit à des milliers de familles atteignent les vrais cibles dans ces conditions ? ».

Etat d’esprit. Pascal, un père de famille d’Ambovombe, déplore quant à lui « le maintien de la culture de la mendicité via le projet Fiavota ». « On habitue les gens à recevoir de l’argent chaque mois pendant un certain temps. Avec la pauvreté ambiante qui règne ici, comment voulez-vous que les gens réagissent. Ils se disent facilement que la somme leur est due sans qu’ils ont besoin de travailler », interpelle Pascal. Inquiétude partagée par Paul Sambo, leader traditionnel d’Ambovombe qui déplore une certaine « infantilisation de la population de l’Androy ».  « La culture de la mendicité se propage dans les couches les plus vulnérables. Au lieu d’initier des actions qui peuvent changer leur vie, des milliers de familles attendent qu’on leur fournisse quelque chose. Et pour comprendre la situation, il faut juste voir comment on travaille chez nous, avec nous. D’un côté, les divers projets et organismes œuvrant dans le domaine de l’humanitaire distribuent des vivres à titre gratuit. De l’autre, le projet Fiavota distribue de l’argent », explique Paul Sambo. Avant d’attirer l’attention sur la notion de « travail ». « Il faut expliquer, d’une façon ou d’une autre, aux gens que s’ils veulent avoir quelque chose, il faut qu’ils travaillent. Une éducation doit être initiée à la place de l’infantilisation », sonne notre interlocuteur. Devant entrer dans sa deuxième phase, le projet Fiavota aurait grandement besoin d’un recadrage. Si volonté il y aurait vraiment chez l’Etat et ses partenaires, pourquoi ne pas investir les milliards de dollars du projet dans des actions à impacts et à long termes. L’idée « d’asa tagnamaro » – à ne pas confondre avec l’initiative tagnamaro du ministère de la Communication et de la culture – mené dans l’esprit « argent contre travail » pour reboiser l’Androy a été avancé par un fils de la région. D’un côté, la région pourrait regagner ses biodiversités, l’argent aurait vraiment servi à quelque chose et la population ne serait plus infantilisée.

José Belalahy 

- Publicité -
Suivez nous
409,418FansJ'aime
10,821SuiveursSuivre
1,620AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici