Une formation anticipée des futurs employés. Telle est l’une des particularités de Base Toliara, la filiale du groupe Base Ressources, comparée aux autres compagnies minières à Madagascar.
En effet, la phase de construction de toutes les infrastructures nécessaires, telles que les usines, les routes et la jetée, sera prévue pour le premier trimestre de l’année prochaine, tandis que l’exploitation à proprement dite de l’ilménite, du zircon et du rutule, n’aura lieu qu’en 2021. En tout, Base Toliara envisage de créer près de 3 900 emplois, tout en priorisant les jeunes issus des cinq communes d’intervention du projet minier de Ranobe, à savoir Tsianisiha, Belalanda, Ankilimalinike, Toliara I et Maromiandra dans la région Atsimo Andrefana.
Main d’œuvre qualifiée. Une campagne de sensibilisation et d’information a été ainsi effectuée au niveau de ces communes affectées. « Ce qui nous a permis de collecter près de 5 500 dossiers de candidature des jeunes, désirant bénéficier de cette formation anticipée, et ce, pour tous niveaux d’instruction confondus. Même ceux qui sont illettrés sont encouragés. Nous soutenons en même temps l’émancipation des femmes. Et parmi les 5 500 jeunes ayant postulés, près de 1 500 dossiers ont été sélectionnés pour passer des tests. Nous avons ensuite choisi les 100 meilleurs d’entre eux. Et en ce moment, une trentaine de jeunes sélectionnés poursuivent une formation intensive en langue anglaise pour pouvoir partir à Kwale au Kenya, où se trouve un grand gisement d’exploitation d’ilménite, effectué par Base Ressources », a évoqué Amanda Tagliaferri, le directeur des Ressources Humaines de Base Toliara. Il faut savoir que ce n’est qu’une première vague de formation. Ceux qui n’ont pas été sélectionnés, bénéficieront ultérieurement d’un autre programme de formation selon leur capacité d’instruction. Mais une chose dont on est sûr ! La région Atsimo Andrefana dispose d’un potentiel de capital humain qualifié, selon les formateurs. « Ils apprennent vite pour devenir une main d’œuvre qualifiée même s’ils n’ont pas un niveau de connaissance élevé. C’est une grande première, qu’une jeune fille soit capable de conduire un engin. Elle est d’ailleurs le major de promotion. Il s’agit de Marietta Borine, âgée de 21 ans », a exprimé Paul Thompson, responsable de formation.
Tests par semaine. Celle-ci a témoigné qu’elle choisit d’être conductrice d’engin car aucune femme ni homme venant de Toliara, n’en a jamais fait auparavant. « J’ai été désignée par mon fokontany d’Ifaty, dans la commune rurale de Belalanda, pour assister à cette formation. Avant, je vendais des oies aux touristes, après avoir obtenu un diplôme de bac technique. J’envisage d’aider mes frères et sœurs à poursuivre leurs études car c’est la base du développement. Toute notre communauté est également pour la mise en œuvre du projet minier de Base Toliara », a-t-elle raconté. Quant à Vaolahy Tiandraza Emile, représentant la commune de Tsianisiha, il veut être menuisier en poursuivant cette formation prodiguée par Base Toliara, si avant il était un simple cultivateur de manioc et de maïs. Pour Genevia Florenza, issue de la même commune et Larry Célestine, de la commune de Toliara I, elle souhaite être mécanicienne, tandis que Bendreza Jean Clovis venant de la commune d’Ankilimalinike, veut être électricien. Ils travaillent dur pour atteindre leurs objectifs. Et toutes les communautés qui les représentent sont ainsi pour la mise en œuvre de ce projet minier, selon leurs dires. Notons que Base Toliara effectue toutes les semaines des tests de sélection des nouveaux apprenants dans les cinq communes impactées, dans le cadre de son programme de formation. Il y a en même temps une formation spécialisée pour les analphabètes.
Démarrage effectif. Par ailleurs, la compagnie lance actuellement des forages d’exploration et une étude géotechnique permettant de mettre en place ses usines. Et ce sont encore des techniciens spécialisés, malgaches, qui assurent les travaux sur le terrain. Dans le cadre des forages d’exploration, « nous effectuons des prélèvements des échantillons de sols en vue d’une analyse dans un laboratoire en Afrique du Sud. Entre temps, nous enregistrons systématiquement des données via une technologie de pointe. L’objectif vise à déterminer la teneur et la pureté des minéraux pour pouvoir conclure si l’extraction d’ilménite dans ce gisement de Ranobe est rentable ou non », a expliqué Rafehizato Haga Michel, géologue sénior. En tout cas, la majorité des communautés impactées par le projet minier de Ranobe veulent à tout prix son démarrage effectif. « Nous voulons avoir un travail qui nous convient afin de nourrir nos enfants. Ici, nous faisons le sarclage et nous ne gagnons que 500 ariary par jour durant la période de culture », a témoigné Lalizy, une habitante de Tsiafanoky, dans la commune de Tsianisiha. Quant à Ferdinand, un planteur de coton, il souhaite obtenir un renforcement de capacité technique de la part de Base Toliara afin d’améliorer sa production qui est en ce moment affectée par une maladie, dite Melky. Entre temps, cette communauté bénéficiera prochainement d’un projet d’adduction d’eau potable, via la mise en place d’un château d’eau fonctionnant avec un système de pompes solaires.
Taux de chômage de 75%. Quant à Wilter, un notable représentant les propriétaires des tombeaux à relocaliser, il a soulevé que tous les 57 propriétaires de caveaux ont déjà reçu chacun une somme de 1 millions ariary de la part de Base Toliara pour acheter des terrains. « Nous avons presque terminé le bornage de ces terrains à utiliser pour la relocalisation de nos tombeaux. Le processus de transfert des corps, dans le respect des us et coutumes, doit être accéléré», a-t-il expliqué. Par ailleurs, les autorités locales ont manifesté leur volonté de soutenir la mise en œuvre effective du projet minier de Ranobe. En effet, « celui-ci contribue à la réduction du chômage, atteignant les 75% à Toliara, faute d’entreprise créatrice d’emplois. Les communes bénéficieront des ristournes et des redevances. Nous voulons suivre l’exemple de la commune d’Ampasinampoana à Taolagnaro, qui profite de l’exploitation d’ilménite de QMM. J’ai constaté de visu l’essor économique de cette collectivité décentralisée », a évoqué Zafindravola Augustine, adjointe au maire de la commune de Toliara I. Par contre, le vice-président de l’association « Masikoro Arivolahy » a émis quelques soucis. « On n’est pas du tout contre la mise en œuvre de ce projet. Mais on réclame un maximum de répartition de richesses, une atténuation de tous les risques et le respect total de l’environnement », a-t-il conclu.
Navalona R.