
Madagascar peut très bien miser sur le tourisme très haut de gamme, selon Luis Guillermo Fortuño, ancien gouverneur de Porto Rico. Cet avocat d’affaires travaille en étroite collaboration avec le projet Tsingy Bay.
Tsingy Bay change d’échelle. À la faveur d’un partenariat stratégique piloté par Vision Madagascar NGO, le site entend se positionner sur le segment du tourisme très haut de gamme, avec un modèle qui associe standards internationaux, retombées locales et protection du vivant. L’annonce – portée par Zouzar Bouka lors d’une conférence de presse organisée la semaine dernière au Novotel – s’appuie sur un binôme singulier : l’attractivité d’un projet hôtelier d’exception et l’expertise d’alliés internationaux, au premier rang desquels Luis Guillermo Fortuño, ancien gouverneur de Porto Rico et avocat d’affaires à Washington DC.
Très haut de gamme
Pour Zouzar Bouka, fondateur de Vision Madagascar, il s’agit de faire de Tsingy Bay une vitrine d’écotourisme premium où l’excellence de service finance l’inclusion et la conservation. Selon lui, le marqueur symbolique en est déjà posé. Il s’agit d’une « Allée des Baobabs » sous-marine, première du genre à Madagascar, installée près de la baie de Moramba, face à l’hôtel Tsingy Bay. Imaginée par l’artiste Bessa et portée par Vision Madagascar NGO, l’œuvre allie geste artistique et fonction écologique. « Réalisée en matériaux durables, elle crée des micro-habitats pour la faune marine et sert de support de sensibilisation à l’équilibre entre récifs coralliens et écosystèmes terrestres », ont expliqué ses promoteurs.
Expertises croisées
Le cœur du projet, toutefois, se joue dans l’architecture du partenariat. Fortuño a évoqué une méthode consistant à mobiliser les outils qui, à Porto Rico, ont catalysé l’essor d’hôtels très haut de gamme et la densification des liaisons aériennes et maritimes — incitations fiscales ciblées, facilitation administrative, campagnes d’adhésion des populations, dispositifs de formation co-construits avec universités et écoles hôtelières, méritocratie dans les carrières, accès au financement des investissements lourds. « Transposée avec discernement, cette boîte à outils doit permettre d’accélérer Tsingy Bay sans dégrader son capital naturel », a-t-il noté.
Durable
L’ambition s’inscrit dans une dynamique porteuse. D’après l’Organisation mondiale du tourisme, 1,4 milliard de voyageurs génèrent près de 3 000 milliards USD, tandis que le tourisme domestique pèserait autour de 5 400 milliards USD. Pour Madagascar, capter une part de ces flux suppose des produits différenciés, capables d’attirer une clientèle fortunée en quête d’expériences rares, tout en produisant des bénéfices tangibles : emplois formels, recettes fiscales, infrastructures de base. C’est le sens de la première phase portée par Vision Madagascar : un socle social au service du haut de gamme. Les promoteurs envisagent de créer, autour de Tsingy Bay, un village durable — école, dispensaire, bâtiment communautaire, marché, espaces culturels et puits — structuré par un plan de masse garantissant une intégration cohérente. L’objectif n’est pas de juxtaposer un resort d’élite à une ruralité délaissée, mais d’aligner promesse d’excellence et progrès concrets pour les riverains, condition de l’acceptabilité et donc de la durabilité. Zouzar Bouka souligne la mobilisation d’expertises sectorielles pour calibrer l’offre au meilleur niveau international, sans renier traditions ni paysages. L’« Allée des Baobabs » sous-marine en est l’icône : attirer, émerveiller, réparer. Reste à verrouiller formation, desserte aérienne, cadre incitatif et gouvernance locale.
Antsa R.