Des banderoles sont érigées sur les maisons à Alarobia et à Ambohimanarina depuis le week-end dernier.
Le forcing du régime HVM se poursuit. En effet, la réalisation de grands projets de construction en vue de l’accueil du Sommet de la Francophonie continue de faire des malheureux. A l’allure où vont les choses actuellement, un soulèvement populaire n’est pas à écarter. La réalisation des travaux rentrant dans le cadre des projets présidentiels fait face à une vague de contestation. Depuis le week-end dernier, ce fut au tour des habitants des quartiers longeant la Route du Pape de hausser le ton. Les riverains contestent le projet d’aménagement en 2×2 voies du tronçon de la route Alarobia – Ambohimanarina. Pour rappel : au cours du Conseil des ministres du 1er septembre, le Ministère auprès de la Présidence en charge des Projets présidentiels, de l’Aménagement du Territoire et de l’Equipement a communiqué le « décret déclarant d’utilité publique les travaux d’aménagement en 2×2 voies du tronçon de la route partant du Rond point d’Alarobia – Ivandry, passant par la Route du Pape, jusqu’au croisement d’Andohamandry – Ambodivonikely, reliant le 5e Arrondissement et le 6e Arrondissement, Commune Urbaine d’Antananarivo, Région Analamanga et portant acquisition par voie amiable ou par expropriation pour cause d’utilité publique des parcelles de terrains et/ou immeubles touchés par ces travaux ». Une centaine de familles risquent d’être expulsées de leur terre. En effet, ce projet prévoit la démolition de nombreuses maisons.
Banderoles. Pour exprimer leur mécontentement, les riverains ont décidé d’exposer des banderoles sur les maisons longeant la Route du Pape depuis le week-end dernier. « Nous n’acceptons pas la démolition de notre maison… Où allons-nous habiter » ? Ce sont entre autres, les messages envoyés par les habitants d’Ambohimanarina et d’Alarobia pour interpeller les tenants du régime. Nul n’ignore en effet que même si la plupart des propriétaires ont occupé leur terrain depuis plus de 30 ans, ils risquent à tout moment de devenir des sans-abri. Généralement dans ce genre de situation, les indemnisations sont insuffisantes pour reloger les « victimes ». C’était le cas notamment pour les propriétaires d’une trentaine de maisons démolies dans le cadre du projet de construction de la route d’Ivato. Même situation pour les locataires des maisons construites sur le terrain dénommé « Fahatsiarovana XX » à Andohatapenaka qui ont été démolies au mois d’août dernier, également pour « cause d’utilité publique ». Les occupants ont été indemnisés d’une somme de 6 millions d’Ariary par famille. Une somme insuffisante de nos jours pour construire une habitation.
Cris de détresse. Il convient de noter pourtant que même si les autorités ont « forcé » les occupants à quitter hâtivement le lieu, le terrain « Fahatsiarovana XX » ne figure même pas aux différents projets prévus dans le village de la Francophonie. Par ailleurs, les travaux de construction ne seront pas terminés avant le Sommet de la Francophonie au mois de novembre. C’est certainement la raison pour laquelle bon nombre d’observateurs accusent le président Hery Rajaonarimampianina d’ignorer les cris de détresse et la souffrance du peuple malgache, mais de favoriser plutôt les intérêts des investisseurs étrangers, particulièrement les opérateurs chinois. En tout cas, cette nouvelle manifestation des riverains des quartiers longeant la Route du Pape constitue un nouveau foyer de tension à régler pour le régime Rajaonarimampianina. Il ne faut également pas prendre à la légère le fait que tous les projets de construction rentrant dans le cadre de l’accueil du Sommet de la Francophonie, ou enfin presque, font l’objet de fortes contestations.
Davis R