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vendredi, novembre 7, 2025
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Patrimoine immatériel : Quand Madagascar chante l’Afrique et l’Asie

Les musiciens folkloriques malgaches incarnent et actualisent cette musique traditionnelle, nœud de convergence.

À Madagascar, chaque note raconte une rencontre millénaire : la mélodie austronésienne s’allie à l’énergie africaine pour créer une musique unique, reflet vivant d’une île façonnée par deux mondes.

« L’influence africaine était dans l’énergie, l’influence asiatique dans la mélodie… et nous sommes chanceux d’être la fusion des deux », explique Silo, musicien « hall of fame » et penseur d’art. Il résume ainsi de nombreuses recherches sur la musique traditionnelle malgache. Gilbert Rouget (La musique de Madagascar, 1946), Julien Mallet (Le salegy malgache : entre tradition et modernité, 2007), et Mireille Mialy Rakotomalala (La musique des Sakalava de la côte Ouest de Madagascar, 1995), concluent que la tradition musicale malgache est le symbole vivant de la fusion austronésienne et africaine. « Le rythme malgache est le produit d’un équilibre entre la pulsation africaine et la cyclicité austronésienne », attestait Gilbert Rouget. Dès lors, en évoquant le « rythme », le ternaire a été le plus mis en avant comme étant typique des Malgaches. Cependant, le binaire appartient aussi à la tradition musicale malgache. « Quand le ternaire est vif, c’est du salegy. Quand il est plus calme, c’est du malesa, des genres localisés surtout dans le Nord. Et non loin, il y a le baoejy, qui est du quatre/quatre », détaille Silo. Le tsapiky dans le Sud appartient au binaire, « quatre/quatre » pour le jargon technique. Un rythme qui se trouve dans l’ère austronésienne, jusqu’en Océanie. Ce qui n’enlève en rien l’influence africaine, le « six-huit ». « 80% de la musique ancestrale malgache est ternaire… mes recherches actuelles se focalisent, entre autres, sur ces influences », ajoute-t-il. Il préfère botter en touche tout ce qui est cloisonnement. Même chez les musicologues, la carte des influences est encore sujet à débat. « Il ne faut pas être catégorique sur ce point », admet Silo. La pensée mainstream a proposé une primeur de l’influence austronésienne, à cinq siècles avant l’ère chrétienne voire plus. Les contacts avec l’Afrique ont débuté au VIIe siècle, des recherches archéologiques d’universitaires en Océanie démontreraient des relations plus anciennes entre l’Asie de l’est et la côte est de l’Afrique. Elles remonteraient au moins à 5 000 ans et Madagascar est devenu le dernier point d’ancrage. « En fait, en écoutant de la musique malgache, on retrouve toujours cette énergie et cette mélodie », conclut-t-il. Cela sans compter les instruments et l’utilisation différenciée de la « valiha » ou du « marovany », le « lokanga » qui cristallise cette fusion, mais aussi le « kabôsy », l’« amponga », etc. Toute la panoplie technique vocale, l’ostinato mélodique intégrée dans la pulsation rythmique, tel un voyage entre deux civilisations. Tant de portes encore à ouvrir.

Maminirina Rado  

 

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