Après sa prophétie ratée de 2013, le pasteur Maihlol Dieu Donné a décidé de se présenter à la course à la magistrature suprême. A la tête de l’Eglise Apokalypsy de Madagascar (FAM), il a 1 500 000 fidèles répartis dans toute l’Ile. Portée par le parti, Gideona Fandresena ny Fahantrana eto Madagasikara (GFFM), cette candidature a été bien étudiée et réfléchie. Portrait d’un pasteur pas comme les autres à la conquête du pouvoir.
Il n’est pas le premier homme d’église à se porter candidat à l’élection présidentielle à Madagascar. Dieu Donné Maihlol s’est fait connaître dans le paysage médiatique malgache à travers son émission télévisée sur l’enseignement du livre « Apokalypsy » d’une chaîne de télévision privée à la fin des années 90. Depuis, beaucoup de choses ont évolué. Il est devenu célèbre à cause d’une prophétie prédisant qu’on allait lui remettre les pleins pouvoirs en 2013, ce qui n’a pas été le cas. Cinq années plus tard, il espère conquérir le fauteuil de président de la République mais cette fois-ci par la voix des urnes.
Prêtre en pasteur. Dieu Donné Maihlol est le benjamin d’une fratrie de cinq enfants. Il est né en 1960 à Manakara, mais, a passé son enfance à Fianarantsoa. Sa mère est originaire de Fianarantsoa et son père de Vohipeno. Il porte le nom de son grand père, Maihlol venant de Maroantsetra. Marié, il est père de sept enfants et a neuf petits enfants. Il n’a pas eu une enfance toute rose. Et oui, ce n’est pas parce qu’il est célèbre qu’il a vécu une enfance choyée. A six mois, sa mère l’a confié à une dame qui l’a élevé jusqu’à l’âge de 20 ans. Il a étudié à l’EPP Antarandolo puis au Collège Saint Joseph d’Ambozontany et au Lycée Raharivelo Ramamonjy. Après le décès de sa mère adoptive, il a rejoint celle qui lui a donné le jour à Antananarivo et a repris ses études au Collège Rasalama. Faute de moyens financiers, il a arrêté son cursus universitaire en première année à l’Université d’Antananarivo.
En 1976, quand il était en classe de 4e au Collège Saint Joseph de Fianarantsoa, il a rêvé de devenir prêtre. Durant son enfance, il a été élevé dans la religion catholique. De nature curieuse, il a côtoyé les différentes églises : protestante, anglicane, Témoins de Jéhovah, Jesosy Mamonjy et bien d’autres. A son arrivée à Antananarivo, il est rentré au sein de l’église adventiste. Entre-temps, il est devenu marchand ambulant sur l’avenue de l’Indépendance. En 1991, il s’est mis à enseigner le livre de l’Apocalypse à deux personnes. Ce n’est qu’en 1996 qu’Apokalypsy devient une association. Actuellement, l’Eglise Apokalypsy de Madagascar (FAM) compte près de 1.500.000 fidèles. En 2012, il fonde le parti Gideona Fandresena ny Fahantrana eto Madagasikara (GFFM). « C’est l’unique parti politique où son nom comporte la lutte contre la pauvreté » a expliqué, Dieu Donné Maihlol. Après mûre réflexion, le parti a pris la décision de le présenter à l’élection présidentielle du 7 novembre. Le GFFM compte près de 300.000 adhérents répartis dans toute l’île.
Suppression du MID. Lutter contre la pauvreté, tel est le mot d’ordre de son programme. « Pour pouvoir lutter contre la pauvreté, il faut rétablir la sécurité. Les paysans ne sont plus motivés à produire car ils vivent dans l’inquiétude et la peur. Au lieu d’exporter du riz, nous en importons, car nos ressources et nos potentiels ne sont pas exploités », a-t-il continué. Il prône aussi l’amélioration du pouvoir d’achat de la population en augmentant le salaire et en baissant les prix. Il veut supprimer le marché interbancaire de devise (MID). Pour ce faire, il va prioriser l’exploitation des ressources naturelles. « Si on arrive à donner de la valeur à la monnaie malgache, le pouvoir d’achat va sûrement s’améliorer ». L’agriculture et l’élevage ne suffisent plus selon lui, mais, l’Etat devrait prioriser l’exploitation des ressources naturelles. Une exploitation qui devrait être gérée de manière équitable. Il pose une question qu’il estime fondamentale : « Depuis combien d’années, ces entreprises étrangères sont là et pourtant dans quelle situation nous trouvons- nous ? » « La plupart de nos dirigeants sont redevables envers la communauté internationale. Moi, j’oserai dire non aux étrangers n’acceptant pas de partager équitablement les ressources naturelles ». Parmi les 36 candidats à la course à la magistrature suprême, il dispose d’une base électorale acquise à sa cause mais, reste à savoir si elle va suivre la voix de leur leader spirituel.
Dossier réalisé par Anjara RASOANAIVO