« Arbitrage Tapie : Christine Lagarde reconnue coupable mais dispensée de peine » titraient à la Une tous les journaux du monde entier au lendemain du verdict de la Cour de Justice de la République. Une juridiction française compétente créée pour juger les infractions commises par les membres du gouvernement français pendant l’exercice de leurs fonctions.
D’abord pour les profanes en matière de Droit ou les justiciables, en général, on s’explique mal qu’une décision de justice soit aussi contradictoire (condamné mais pas puni ?). Puis, le délit ou l’inculpation incriminée dans le jargon des juristes n’est pas des moindres puisqu’il s’agit tout de même de «complicité de faux et de détournement de fonds publics » pour un montant de 403 millions d’euros (l’équivalent en notre unité monétaire nous relèverait de l’abstrait) accordés « indûment ? » à l’homme d’affaires Bernard Tapie. Enfin, cette décision de justice intervient après des péripéties juridiques à proposer comme thèse de doctorat aux plus affûtés étudiants en droit. Toujours est-il que cette affaire est entachée de « mic-mac » ou d’arrangements entre grands de ce monde, entre le microcosme politique français d’abord, et tout le monde se l’accorde. Puis, surtout elle a une incidence sur l’économie mondiale. Pourquoi ? Madame Christine Lagarde, le Directeur Général du Fonds Monétaire International (FMI), est maintenue à son poste malgré qu’elle soit reconnue coupable de négligence dans l’affaire opposant le Crédit Lyonnais à Bernard Tapie.
Voilà une institution ayant comme mission de « promouvoir la coopération monétaire internationale, garantir la stabilité financière, faciliter les échanges internationaux, contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et faire reculer la pauvreté » et à ce titre elle nous est bien familière avec ses ajustements structurels et ses dérivés, pas seulement dans les pays « en développement » mais récemment en Grèce ou au Portugal. Pourvoyeur de fonds mais surtout comme instaurateur de l’orthodoxie en matière de gouvernance des Etats défaillants, le FMI dicte ses conditionnalités (engagements des Etats dit-on) dans l’octroi des appuis financiers. Ainsi donc, une personne condamnée pour négligence, il est vrai, non assortie de peine se voit maintenue à son poste, combien important pour l’économie mondiale. Les pourfendeurs de soi-disant justice universelle comme la CPI doivent jubiler. Mais comment a-t-elle pu rester en place ? Selon son Conseil d’Administration, elle a fait preuve d’efficacité et son leadership est irréprochable et les règlements du fonds la couvrent (pauvre DSK !). La vérité , c’est que lors de la création du FMI , il a été déjà prévu que le DG soit un Européen et puis, qu’ après le scandale DSK, il y a en eu assez comme ça. S’ils sont les maîtres du monde, eh bien qu’ils se la gardent !
M.Ranarivao