
Avec un apport en devises qui avoisine les 500 millions USD par an, la filière vanille contribue grandement au développement économique du pays. Mais la filière demeure encore et toujours instable et fragile pour un certain nombre de raisons.
Actuellement, la filière est de nouveau menacée si les responsables ne prennent pas rapidement les mesures qui s’imposent. Et pour cause, les coûts d’exploitation de la filière s’avèrent extrêmement élevés en raison d’un système de taxation exorbitante. A chaque étape qui mène vers l’exportation, c’est-à-dire, de la verte, du vrac jusqu’au conditionnement, la vanille est en effet frappée par des ristournes déterminées selon les régions. En plus,l’administration exige un prélèvement dit « 5 pour 1000 » pour l’obtention du Certificat de Contrôle du Conditionnement et d’Origine (CCCO), nécessaire à l’exportation de la vanille. Ce racket sur la vanille fait actuellement des dégâts puisque 150 tonnes d’exportations sont bloquées.
Certificat obsolète
En effet, le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat a décidé de façon unilatérale l’application d’un prélèvement de 5/1000 de la valeur FOB sur les exportations de vanille faute de quoi ils ne pourront pas obtenir le CCCO. Un certificat obsolète car non exigé par les importateurs. De nombreux exportateurs ont déjà conclu des contrats de vente ferme sur la base d’un prix de revient ne tenant pas compte de cette charge. Une lettre émanant du groupement des exportateurs de vanille a été adressée à la ministre du commerce restée sans suite à ce jour. De peur de perdre leurs contrats certains exportateurs ont été obligés de payer ce prélèvement dont les conditions d’encaissement sont floues. Les chèques libellés au nom personnel d’un agent public. « Où va cet argent ? » s’interroge-t-on dans le milieu de la filière vanille.
Décision incompréhensible
Dans tous les cas, la majorité des exportateurs mettent en suspens l’exportation de leurs marchandises en espérant que l’Etat revienne sur sa décision et appellent au dialogue. Ce blocage risque de peser nos recettes en devises et l’image de la filière vis-à-vis des clients risque d’être davantage écornée par cette décision incompréhensible prise par la ministre du commerce. « Ce genre de pratique ne respecte pas les règles de la bonne gouvernance préconisées par le président de la République qui a toujours prôné le dialogue entre l’Etat et les opérateurs économiques » soutiennent les professionnels de la vanille. Du coup fait, ils veulent solliciter l’appui d’Ambohitsorohitra pour débloquer la situation. Ils comptent également interpeller les bailleurs de fonds car ils ont été en 1993 à l’origine de la libéralisation du secteur vanille. Or ce prélèvement ressemble à une taxe déguisée à l’exportation.
R.Edmond.