
Pour l’énième fois, Hery Rajaonarimampianina, président de la République fait une entorse à la Constitution en général et au principe de la laïcité de l’Etat en particulier.
Le week-end dernier, il s’est rendu à Betafo Antsirabe, à l’Eglise luthérienne de Madagascar (FLM) où s’est déroulé la célébration du 500e anniversaire de la Réformation ainsi que le 150e anniversaire de la FLM. A l’issue, a-t-on appris que le chef de l’Etat a offert quatre millions d’Ariary à ladite église pour l’organisation de cette double célébration. Encore faut-il préciser que l’article 2, alinéa premier de la Constitution dispose noir sur blanc que « l’Etat affirme sa neutralité à l’égard des différentes religions ». Mais ce n’est pas tout. A défaut de texte national spécifique qui consacre le principe de laïcité de l’Etat, la loi française du 9 décembre 1905 concernant la séparation des églises et de l’Etat – qui est applicable à Madagascar prévoit, en son article 2 également, que « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
Etat de droit. Ce qu’a fait Hery Rajaonarimampianina à Antsirabe n’est rien d’autre qu’une transgression de ces dispositions constitutionnelles et légales. Et pire ! Ce n’est pas la première fois. D’ailleurs, le président de la FLM, David Rakotonirina, a bel et bien « remarqué » cette «assiduité » du chef de l’Etat au sein de l’église. Mais à part la violation de la laïcité de l’Etat, l’origine de ces 4 millions d’Ariary reste inconnue. Cette somme est-elle tirée des propres poches de Hery Rajaonarimampianina, ou des caisses de l’Etat, ou encore de ces pratiques occultes ? Quoi qu’il en soit, l’Etat de droit est loin d’être effectif à Madagascar. Par ailleurs, a-t-on appris que Marc Ravalomanana, président du comité d’organisation du 50e anniversaire de la FJKM, a été interdit de parole alors que, d’après les informations qui nous ont été parvenues, à la veille de cette célébration, il a été programmé qu’il aura un temps de parole, car lui aussi était parmi les invités d’honneur de la FLM.
Aina Bovel