
Démocratie inappropriée. En général, c’est la déduction que l’on met sur la table quand il s’agit de parler ou de discuter – si les circonstances le permettent – de la démocratie à Madagascar car dans la Grande Ile, les échanges et les discussions opposées sont rarissimes.
Nous ne sommes pas sans savoir que la démocratie ou « demos cratos » signifie le pouvoir du peuple. Une définition très connue du milieu et rejoint celle d’Abraham Lincoln qui la décrit comme « le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Personne n’a de leçon à tirer de personne mais le constat est amer : nonobstant l’existence, bien évidemment, sur papier, de la fameuse démocratie à Madagascar, le pays est loin de jouir des avantages inhérents. Car cette démocratie à l’occidentale se trouve être mal appliquée voire inappropriée dans la Grande Ile.
Changer de régime. « Cette démocratie à l’occidentale que l’on impose à Madagascar est inappropriée dans la mesure où les Malgaches ont leur propre concept de gouvernance d’un État », a affirmé Randrianjafy Ignace, un ancien parlementaire sur une station radio privée. Et lui de poursuivre que « ceux qui ne sont pas au pouvoir pensent que la démocratie signifie être dans un État de non-droit où chacun peut faire tout ce qu’il entend. Ceux qui sont au pouvoir estiment qu’ils sont légitimes de par les élections et donc sont en droit de faire également ce qu’ils veulent ». Ce sont deux conceptions plus que contradictoires. Tous ces arguments conduisent aux mêmes débats et aux mêmes questionnements : que faut-il faire et que mettre en place ? Mais une fois de plus, les espaces de concertation font défaut.
Les mêmes erreurs. La Constitution prône la pluralité des idées donc le multipartisme. Et sous cet angle, Madagascar connait plusieurs partis politiques qui, soit connaissent mal ce qu’est un parti politique, soit pratiquent « autrement » la politique. Par ailleurs, le grand portail de la Place de la Démocratie à Ambohijatovo que l’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina en 2009, avait dédié à l’expression des desideratas du peuple est verrouillé en temps voulu. La Place du 13 Mai Analakely qui est « stratégique » est loin d’être acquise. Les manifestations dans les rues de la capitale sont soumises à condition et le régime actuel affiche une vigilance excessive sur tout ce qui bouge. Que de cas de figures de transgression de la loi fondamentale et de l’État de droit mais qui, tout de même, et ce, d’une manière objective, ne portent pas uniquement le sceau du régime Rajaonarimampianina mais des précédents aussi. L’Histoire est un éternel recommencement, comme l’avait argué un certain Nietzche et ceux qui se succèdent commettent les mêmes erreurs, connaissent les mêmes fins politiques. Le dialogue n’est pas au rendez-vous et ce sont les Malgaches qui en payent le prix.
Aina Bovel