
Dans les années 90, le hip hop et le rap apparaissent à Madagascar et apportent un nouveau souffle qui attise le feu de la culture urbaine locale.
A l’époque, c’étaient les groupes Da Hopp et Fab qui avaient ouvert la scène. « En réalité, c’est le groupe Fab qui est le vrai pionnier du rap à Madagascar », explique humblement Tax (Da Hopp) face à la presse, le dimanche 13 juillet dernier. « Ils ont commencé à rapper, certes en français et en anglais, mais ce sont eux les premiers », a-t-il expliqué. Et les membres de Fab de renchérir « Après quelques compos en langue étrangère, que nous appelons affectueusement Pokipah, nous avons décidé de rapper en malgache. Et nous avons gardé cela jusqu’à aujourd’hui ».
Pour le groupe Da Hopp, qui était initialement connu comme étant les MCM Boyz, les débuts concernaient plutôt la danse. Lauréats de plusieurs concours de danse, ils se sont imposés comme les meilleurs de leur génération, avant de finalement se consacrer au rap. « Là encore, ce sont les membres du groupe Fab qui ont produit notre premier single « Maimbomaimbo » », raconte BenJ. « Nos vrais débuts en tant que rappeurs, nous le devons à Fab. Ils nous ont ouvert les portes du studio Zicmu tout le temps. Ils ont même arrangé et enregistré nos titres », ajoute-t-il. « Justement nous souhaitons publiquement leur témoigner notre gratitude et toute notre reconnaissance, et surtout leur rendre ce qui leur revient », précise Tax de Da Hopp, qui souhaite remettre les pendules à l’heure sur les débuts du rap et du hip hop à Madagascar.
L’histoire du petit (devenu grand) monde du rap et du hip hop à Madagascar comporte donc bien des histoires d’amitié fraternelle. Loin de l’image de rivalité qui a toujours été véhiculée, ces deux groupes ont toujours été amis, et se respectent encore, même aujourd’hui. « Nos particularités respectives, c’est notre son. Chacun de notre côté, nous avons pu et su imposer notre identité musicale », explique Tsiresy du groupe Fab. « Cette identité, nous l’avons transmise aux autres arrangements, voire compositions que nous avons faites pour d’autres artistes », poursuit-il. Comme c’est le cas par exemple du titre « Eo anilanao » composé pour Lalie, qui a effectivement une touche identique aux sons de Fab.
Fab et Da Hopp, c’est un roman d’amitié qui a commencé il y a 37 ans de cela. Et ça continue. A voir la complicité entre chacun d’eux, on ressent le respect et l’amitié réciproques. Car si Da Hopp continue de créer, d’écrire et d’enregistrer, préparant ainsi un nouveau double album enraciné dans le Deep South sous la direction artistique de Maximin Njava, les membres du groupe Fab n’excluent pas de nouvelles inspirations. En attendant, leur album « Firstable » et leur EP « Odyssey » peuvent être écoutés sur la plateforme Spotify, tandis que le premier album « Fanantenana« , de Da Hopp est disponible sur Moozik depuis le 13 juillet dernier.
Pour les prochains jours, Da Hopp partagera la scène avec d’autres grands noms de la musique malgache au Coliseum Antsonjombe le 18 juillet prochain, notamment Rossy, Samoela, Jaojoby et Mily Clément. Il chanteront dans le cadre d’un événement qui se veut être un moment fort en hommage aux victimes du crash du DC-3 du 18 juillet 1995, pour célébrer les 25 ans de Vision Madagascar, et commémorer ensemble le Mandela Day. Da Hopp sera également en live le 02 août au Carpe Diem à Andraharo.
Hanitra Andria