
La relève se dessine dans le rap malgache avec des artistes comme RNDR, sa personnalité et sa musique dressent le profil d’une jeunesse désabusée mais voulant entretenir l’espoir. Portrait musical.
Etoile naissante du rap malgache, Rindra Razafinimpanana ou « RNDR » pour le mic’, travaille le rap comme ses études en « science po’ ». Jeune épanoui de 21 ans, cela se ressent dans ses textes, ce rappeur fait partie de la génération fin ’90 et 2000. La langue bien pendue, des visions du monde parfois surprenantes et une once d’arrogance.
Il suffit d’écouter son titre, « Nateraka angirana », de l’egotrip sans souci, « j’habite encore chez papa et maman », lance–t–il. Macho et incisif, le titre évoque sans ménagement sa posture dans le milieu du rap. « Beaucoup sont ceux qui s’attendent à ce que je me fatigue/mais celui qui va me ratatiner n’est pas encore né/les petites meufs d’aujourd’hui sont matures trop tôt/même mineures, elles vont déjà faire leurs business (il veut sans doute évoquer la prostitution ici) ».
D’ailleurs, pour RNDR la femme se destine à être uniquement un objet spécifique rapportant à une bonne activité charnelle au lit. Du moins dans ce morceau. Lui qui s’y définit comme un Don Juan, un loubard, une terreur et un petit frère qui pourrait égaler les aînés. Il s’explique. « En fait, l’egotrip est la particularité du rap par rapport aux autres genres musicaux. Sa source est le freestyle. Parce qu’on y fait de l’impro’, on a tendance à toujours se mettre en valeur. C’est aussi l’occasion de démontrer toute la capacité du rappeur : le flow, la technique, l’exercice de style… De plus, je suis connu pour être un kickeur en freestyle, mais je ne suis pas prostré sur l’egotrip ». En référence à la tradition littéraire malgache, la pratique verbale dans l’egotrip se rapproche quelque peu des « hainteny ».
Désabusé. Mais il faut aussi s’attendre à cette « arrogance » crue et assumée qui surprend souvent chez cette génération. Son titre « Wakandago » en est le meilleur exemple. « Dago est à moi, Dago est à toi, mais non aux étrangers… Wakadango », annonce–t–il dès les premiers rythmiques. Poursuivant, « en présence des aînés, la parole à prendre n’est plus problématique/Mais laissez -moi parler même si je ne suis pas un ancien », le décor est planté. La chanson baigne dans du trap de la première époque. « C’est comme la colonisation actuellement/Toutes les terres (malgaches) vont être occupées par les étrangers/On dirait que vous avez oublié le combat mené par nos aînés… Rendez sa sacralité, rendez sa sacralité… Wakandago ».
A la question, s’il assume ses dires dans ce titre ? RNDR répond, « oui j’assume entièrement ». Délier les langues par rapport aux politiciens, aux dirigeants… La génération actuelle, comme RNDR, semble avoir plus d’arrogance par rapport à l’ancienne génération. Jusqu’à vouloir bousculer le politiquement correct. Une manière aussi d’acclamer que le rap est une culture vivante et contemporaine à Madagascar.
Dès lors, il est difficile de ne pas évoquer « Tanjona ». Un hymne à la jeunesse tananarivienne. « La vie est un combat qu’il faut maquiller par la belle vie/Loin de critiquer mais dès qu’un petit bonheur survient, on s’empresse de prendre un selfie/Je ne suis pas né avec la cuillère à la bouche/Donc, ne rigoler pas si je garde espoir ». Toujours du trap dans les instrumentaux, RNDR montre la rage de sa génération.
Maminirina Rado
RNDR! TOI EST LE MEILLEURE DU RAP GASY
Oviana indray ny song manaraka