56 ans officiellement son âge dit-on, le soixante « douzard » que je suis, avoue être assez sceptique, parce qu’il me semble le connaître ainsi que ses prouesses depuis longtemps. Fin 1990,il y a trente ans, je l’ai connu alors qu’il débutait dans l’entreprenariat, il a commandé ,déjà, un titre de transport pour des voyages uniquement pour VIP entre Toamasina et Antananarivo, le billet devait ressembler à celui des titres de transport aérien, l’employé qu’il a envoyé avait une peur bleue sur la qualité du produit à livrer, un luxe style haut de gamme (style « Jours de France ») et Mamy était si exigeant que l’imprimeur que j’étais à cette époque hésitait à honorer la commande, c’est pour dire le caractère pointilleux du jeune patron qu’il était (la vingtaine à peine). Puis ce projet de transport de luxe n’a pas eu de suite. Comment je l’ai connu ? J’étais a l’époque membre d’une groupuscule politique, le GLM (Groupement Liberal de Madagascar), il ne venait jamais aux réunions mais sa présence planait car il assurait le financement des activités et chaque fois que le besoin se présentait, « notre sponsor »pouvait au moins en partie y subvenir (cent ou deux cents mille francs malgaches en ces temps là).Ainsi donc, il sentait la proximité qu’il peut y avoir entre la politique et le monde des affaires. La preuve quand Zafy Albert ou Ravony a formé son nième gouvernement. Le nouveau ministre des Transports qui se reconnaitra avait la porte de son bureau obstruée de sollicitations (partis et hommes politiques), nous compris, mais lui Mamy était déjà dans son bureau comme s’il était déjà un collaborateur attitré. Par quel miracle diriez-vous ? Parce que Monsieur est devenu le président de l’APTR (Association des Transporteurs Routiers) et ce groupement travaillait surtout sur l’acheminement de carburant entre Toamasina et la Capitale. Un marché captif au profit du RNCFM (Réseau National des Chemins de Fer Malgache) les détails de la suite sont tellement complexes qu’il m’est difficile de les dire, mais toujours est-il qu’il est arrivé à avoir ce marché avec l’APTR et pousser le RNCFM a l’inactivité avec à sa tête un membre du GLM. Le côté prédateur de Mamy y transparait vu seulement maintenant. Puis quelques années plus tard, son style « Tapie » s’était répandu, petit à petit, on disait qu’il était toujours à l’affût de bons projets et était prêt à participer à leurs financements. Malgré déjà des déboires reçues par des connaissances je me suis hasardé quand même de vouloir le rencontrer. Le jour venu, je suis allé à son bureau où ? Bien sûr noblesse oblige à l’immeuble Fiaro.
Ainsi j’ai, je lui ai proposé un projet d’imprimerie d’un montant de 2 milliards de FMG avec un rendement de 40% l’an, donc amorti en gros en deux ans, ce qui n’était pas farfelu vu la demande que je connaissais et mon expérience du métier. Après avoir parcouru rapidement le « business Plan » que j’ai méticuleusement préparé, il me répond les yeux dans les yeux : « Tu sais, Mickey ! Si je mets 2 milliards dans un coup, je récupère ma mise en un mois, sans coup férir » J’ai compris alors après la différence entre un affairiste et un homme d’affaires et ai perdu l’estime que j’aurais pu avoir de lui. A partir de là, je suivais en spectateur, les prouesses du prestidigitateur qu’est Mamy, devenu entretemps un vrai parrain, parce qu’on chuchotait son nom derrière plusieurs affaires scabreuses dont la liste est longue mais dont les rendements sont gargantuesques comme : L’hôtel La Piscine, l’hôtel de France à Majunga ; mais là où je lui tire mon chapeau c’est dans l’acquisition de Madarail, le plus grand propriétaire foncier du pays, excusez du peu ! Et de beaucoup d’autres plans, comme on dit.
Si j’avais à écrire sur sa vie, le résultat serait un long roman celui d’un gamin devenu parrain dominant politiciens, hommes d’affaires avec ce visage « bébé cadum » qu’il trimbale toujours avec calme et qui est sans doute l’un de ses atouts.
M.Ranarivao



