L’ancien vice-président de la Cour internationale de Justice estime que la Constitution actuelle constitue la cause de tous les problèmes sociopolitiques actuels.
En marge de la Conférence sur la Constitution et la crise institutionnelle qui s’est tenue hier à l’Université Catholique de Madagascar, le Professeur Raymond Ranjeva a émis son point de vue concernant la crise institutionnelle qui prévaut actuellement au pays. « Nous avions cru que les élections allaient mettre un point final à la crise politique, pourtant, nous avons élu et installé un président et un Parlement mais les institutions de l’Etat ne parviennent pas à accomplir les missions qui leur sont dévolues par la Constitution. Les Institutions sont bloquées et nous faisons face à une crise institutionnelle dans la mesure où les Institutions qui sont actuellement en place sont défaillantes », a-t-il soutenu. En effet, l’ancien vice-président de la Cour internationale de Justice estime que la Constitution actuelle constitue la cause de tous les problèmes sociopolitiques actuels. Selon ses dires, « nous avons élu une Constitution, pourtant, elle n’a pas permis de résoudre la crise, puisqu’elle a été élaborée uniquement dans le dessein de légitimer le coup d’Etat de 2009. Par ailleurs, on a dévoyé les mécanismes démocratiques et les Institutions pour des objectifs spécifiques mais en aucun cas pour résoudre la crise ».
Concertation. Le Professeur Raymond Ranjeva constate aussi que les élections qui se sont déroulées à Madagascar ont failli dans la mesure où elles n’ont également pas permis de résoudre la crise. « On s’est retrouvé dans une situation d’élections par procuration ou par substitution ». Une manière à lui de dénoncer l’existence de nombreux candidats de remplacement qui se sont présentés à la course à la Magistrature suprême à défaut de la candidature de certains leaders politiques frappés par le « ni…ni ». Selon ses dires, « l’existence de 31 candidats ayant participé à l’élection présidentielle est révélateur d’un mal politique qui frappe le pays, mais aussi un signe de la maladie à laquelle la Société malgache en général fait face ». Comme solution à la crise institutionnelle actuelle, ce Juriste de renommée internationale propose la tenue d’une concertation nationale. « Il faut rédiger une véritable Constitution. Une Constitution que l’on ne peut ni manipuler, ni instrumentaliser au profit des Institutions », estime-t-il. Et lui d’ajouter au passage que « le fondamental c’est d’assurer le processus de guérison du pays engendré notamment par la reprise en main par tous les acteurs de la Refondation de la République et l’élaboration d’un nouveau Pacte social adéquats aux réalités malgaches ». Selon ses dires, « cette concertation sur la Constitution est primordiale et les débats actuels autour de la nomination du Premier ministre ne constituent qu’un problème parmi tant d’autres… un élément de ce processus de guérison du pays ». Cependant, le Professeur Raymond Ranjeva est contre un amendement constitutionnel. « Il ne faut surtout pas changer la Constitution, puisqu’un amendement dans la précipitation sera synonyme d’un travail bâclé », a-t-il soutenu.
Davis R