
Sans entrer dans la polémique actuelle autour du projet de révision de la Constitution, le professeur de Droit public et de Science politique n’en a pas moins ses « maux » à dire, notamment sur le paradigme constitutionnel.
Demandez au professeur Raymond Ranjeva sa position par rapport au projet de révision de la Constitution, il refuse d’entrer dans la polémique. A son avis, la question de fond est la suivante : « Une Constitution pour quoi faire et pour conduire où ? ». Le problème d’après lui, c’est qu’« on veut à tout prix introduire le paradigme français alors que la Constitution française est le produit de l’histoire politique et constitutionnelle de la France ».
Stratégie de justification. L’homme fort de l’association « Hetsika Vonjy Aina » qui « reste active malgré son silence » de réitérer ce qu’il avait dit en 2010, lors de l’adoption de la Constitution de la Quatrième République : « Pour moi, c’était un non-événement qui consistait à justifier le coup d’Etat ». Il estime que « la nécessité impérieuse » prévue par l’article 161 de la Constitution, s’inscrit encore dans cette « stratégie de justification ».
Guérison nationale. L’ancien vice-président de la Cour Internationale de Justice à La Haye, de rappeler également la remarque qu’il avait faite à propos de la HCC. « Ce n’est pas un juge de première instance. C’est la conscience juridique du pouvoir politique ». Et d’ajouter dans la foulée que « le droit n’est pas une justification, c’est une pensée de libération et de création ». Aux yeux de cet Agrégé en droit public, « les juristes font actuellement de la glose ». Pour lui, « la priorité est l’engagement du pays sur la voie de la guérison nationale. On se focalise sur la réconciliation qui vire à l’incantation. Il faut que le pays se ressaisisse ».
« Efa vita ny baolina ». Concernant la politique et le politique, le professeur de Droit public et de Science politique de souligner que « la notion de pouvoir politique est toujours celle du temps de la loi cadre. La finalité politique est axée sur les avantages liés à l’exercice du pouvoir, au bien-être matériel ». Tout ceci pour dire qu’« on n’a pas de véritable homme politique ou homme d’Etat. On a des opportunistes ». Poursuivant son constat, Raymond Ranjeva d’ajouter qu’« il y a une crise de la pensée. La société malgache est incapable de penser, elle n’a plus l’audace de réfléchir ». Pour sa part, il pense que les jeux sont faits pour ce qui est de l’élection présidentielle de 2018. « Efa vita ny baolina », déclare-t-il. A son corps défendant de dévoiler expressément le fond de sa pensée. En tout cas, il est contre la pensée unique qui consiste, selon lui, à « penser à la place des autres ».
Propos recueillis par R. O