

La Transition est loin d’être un modèle de bonne gouvernance dans la conduite des « affaires » publiques.
Après la promotion de Julien Reboza au poste de vice-Premier ministre chargé du Développement et de l’Aménagement du Territoire à la place de Hajo Andrianainarivelo, c’est Johannita Ndahimananjara qui a été nommée ministre de l’Eau par intérim. Comble de l’absurdité, après la démission de la ministre par intérim qui est candidate aux législatives, c’est le vice-PM Julien Reboza qui fait l’intérim de celle qui était son intérimaire au ministère de l’Eau. En somme, il assure son propre intérim.
Indépendance. Autre intérim bizarre, c’est celui du ministre de l’Intérieur Florent Rakotoarisoa qui est le ministre par intérim de la Justice après la démission du titulaire du poste, Christine Razanamahasoa qui est également candidate aux législatives. Magistrat de carrière, Florent Rakotoarisoa a le profil de l’emploi. Qui plus est, il avait été nommé Secrétaire général du ministère de la Justice par Marc Ravalomanana en 2002. Seulement, le cumul de l’Intérieur avec l’intérim de la Justice est une entorse à la séparation et à l’équilibre des pouvoirs garantis par le préambule de la Constitution. Celle de la Quatrième République qui consacre aussi l’indépendance de la Justice et la bonne gouvernance dans la conduite des affaires publiques.
Constitution. Florent Rakotoarisoa connaît très bien ces principes car il était membre du Comité consultatif constitutionnel qui avait élaboré la loi fondamentale promulguée en grande pompe le 10 décembre 2010. 3 ans après, enfin presque, l’esprit et la lettre de la Constitution sont mis à mal par le fait que le ministre de l’Intérieur qui symbolise le pouvoir policier soit à la fois le ministre par intérim de la Justice qui représente le pouvoir judiciaire. C’est comme si Florent Rakotoarisoa coiffe à la fois l’enquête préliminaire et l’enquête judiciaire. D’ailleurs, force est de se demander au nom de quel ministère avait-il parlé en faisant savoir que les fraudes électorales feront l’objet de poursuites pénales.
Feuille de route. En fait, l’intérim d’un membre du gouvernement a toujours été assuré par un ministre issu de la même étiquette ou du moins de la même sensibilité afin de respecter « l’allocation juste et équitable des portefeuilles » prévue par la Feuille de route, même si la représentation de genre et l’équilibre régional ne sont pas forcément respectés. Le principal souci est vraisemblablement d’éviter qu’un ministre appartenant à une entité différente mette son nez dans les « affaires » d’un autre.
R. O