Les représentants des cinq Mouvances défendent des points de vue apparemment inconciliables.
L’unanimité est loin d’être acquise. C’est la conclusion qui s’impose à l’issue des trois jours de concertation dirigée par le FFKM et à laquelle ont participé les représentants des cinq Mouvances à Faravohitra. Ayant été toujours en contact avec les personnes qui les ont envoyés (sauf peut-être les trois représentants de la Mouvance Ravalomanana dont le chef de file est privé de tout contact à l’Amirauté d’Antsiranana), les émissaires des Mouvances concernées ont exprimé des points de vue apparemment inconciliables. Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka, Zafy Albert, Andry Rajoelina et Hery Rajaonarimampianina sont unanimes sur les 4F (Fieken-keloka, Fibebahana, Fahamarinana, Fihavanana) du FFKM. Par contre, si les quatre anciens présidents acceptent la présidence par le Conseil des églises du processus de réconciliation nationale, aspirent à la rencontre dans les plus brefs délais des cinq chefs de file et demandent à ce que les émissaires puissent communiquer avec ceux qui les ont envoyés, le président Hery Rajaonarimampianina pense que le « Fieken-keloka » et le « Fibebahana » ne le concernent pas parce qu’il n’était pas impliqué dans les crises politiques successives et que pour lui, le « Fahamarinana » et le « Fihavanana » se réaliseront à travers la décentralisation effective, la répartition équitable des richesses et le développement équilibré du pays.
Retour à Faravohitra. Par ailleurs, Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Zafy Albert qui déclarent être prêts à reconnaitre publiquement leurs torts, estiment que les 4F doivent être précédés de la « Vérité ». L’ancien président de la transition Andry Rajoelina n’y est pas d’accord. Pour lui, il faut la Justice avant de procéder aux 4F. C’est-à-dire qu’il faut d’abord juger les auteurs du carnage du « 10 Août », des crimes perpétrés en 2002 et de la tuerie du 7 février 2009. Mais, il y a aussi les pillages du 26 janvier 2009 (« Lundi Noir »). Pour leur part, Ihanta Randriamandrato, Olga Ramalason et Bruno Rakoto ont exprimé les propres revendications de la Mouvance qu’ils ont représenté. Ces revendications sont de deux ordres : retour de Marc Ravalomanana au niveau de sa famille à Faravohitra et rencontre des quatre chefs d’églises du FFKM avec leur chef de file toujours placé en résidence surveillée à Antsiranana.
Sommet à cinq. Malgré ces points de vue visiblement inconciliables, les dirigeants du Conseil Œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar ne jettent pas le gant. La dernière partie du communiqué lu hier à Faravohitra par le Mgr Ranarivelo Samoela Jaona indique que les quatre chefs d’église s’efforceront de rencontrer un à un les quatre anciens présidents et le président Hery Rajaonarimampianina en vue du sommet à cinq. D’après nos sources, le FFKM envisage d’organiser ce sommet à Mahajanga. En fait, les dirigeants religieux sont optimistes quant à l’aboutissement du processus de réconciliation en cours. Cet optimisme semble être cependant confronté aux sérieux obstacles qui sont entre autres le refus par la Mouvance Rajaonarimampianina de se mettre aux mêmes pieds d’égalité que les autres Mouvance le refus par la Mouvance Rajoelina de procéder aux 4F sans passer par la Justice. Bref, le processus initié par le Conseil des églises chrétiennes semble être en danger.
R. Eugène