La session budgétaire risque d’être riche en débats houleux dans la mesure où la question de la réconciliation nationale ne fait pas toujours l’unanimité.
La réconciliation nationale reviendra sur le tapis lors de la prochaine session parlementaire. D’après la Constitution, il est prévu que les deux Chambres parlementaires se réunissent deux fois par an. « La première session commence le premier mardi du mois de mai et la seconde, consacrée principalement à l’adoption de la loi de finances, le troisième mardi d’octobre » selon les dispositions des articles 75 et 84 de la loi fondamentale. Cette fois, outre la loi de finances, le sujet relatif à la réconciliation nationale étoffera les débats. Le sénateur de Madagascar, Betina Bruno, a confié l’importance du processus. « La réconciliation nationale est d’une importance capitale dans la mesure où elle est prévue par la Feuille de Route, mais aussi, c’est le pilier de la stabilité, de la sécurité et du développement », a-t-il affirmé. Pour lui, la réalisation de la réconciliation nationale devrait être effective. « C’est un domaine transversal. Elle mettra sur pied le dialogue national, mais peut également inclure les élections de 2018 pour éviter les crises postélectorales », toujours d’après ses explications.
Tenter l’impossible. Faut-il rappeler qu’en 2012, durant la Transition, a été votée une loi ayant pour objet l’amnistie des « participants » aux évènements politiques de 2002 à 2009 ? C’est la loi n°2012-007 du 13 avril 2012 portant amnistie pour la réconciliation nationale. Le principe est posé en son article 2 qui prévoit l’amnistie large pour tous les « acteurs » à savoir les membres des Institutions, des fonctionnaires, ou les éléments des forces armées et de la police, ou des personnels ayant eu en charge les fonctions de direction ou d’exécution au sein des Institutions ou des Organes de l’Etat ou des Collectivités territoriales ; les personnalités politiques ou les membres des instances dirigeantes des partis ou entités politiques et les personnes civiles. L’exception est posée par l’article 5 de la même loi qui n’octroie aucune amnistie pour ceux qui ont commis des crimes contre l’Humanité, des crimes de guerre, des génocides, des violations graves des droits de l’Homme, des atteintes graves aux libertés fondamentales. A scruter les dispositions de cette loi de 2012, la session budgétaire risque d’être riche en débats houleux. En effet, même si c’est marqué noir sur blanc au niveau de l’exposé des motifs, elle favorise en quelque sorte l’impunité. Notons qu’elle a été élaborée, votée et promulguée durant la Transition. En tout cas, force est de reconnaître que ce ne sont pas les Malgaches qui oublient le « fihavanana », ce sont les politiciens et les dirigeants, anciens comme actuels, qu’il faudrait réconcilier avec l’Histoire de Madagascar. A commencer par (re)juger les affaires classées sans suite…
Aina Bovel