Bien que les ténors de l’opposition restent silencieux par rapport à la reconduction de Christian Ntsay au poste de Premier ministre, les premières réactions commencent à se faire entendre et elles sont très critiques.
Économistes, leaders politiques ou encore parlementaires, ils sont unanimes. Ils s’accordent à dire qu’ « il n’y a rien à espérer de cette nouvelle nomination de Christian Ntsay ». Roger Ralison, économiste et leader du Parti Républicain de Madagascar (PRM) reste pessimiste face à cette décision du président Rajoelina d’accorder une nouvelle fois sa confiance à celui qui a occupé le fauteuil de Mahazoarivo depuis 2018. « Son échec n’est un secret pour personne alors qu’il a retrouvé son poste. On ne peut pas espérer le développement ou bien le progrès », a-t-il fait noter. Avec cette reconduction, le numéro Un du parti PRM doute de l’efficacité du régime pour les cinq années à venir. « Difficile de croire que ce second mandat du président Rajoelina va accroître la valeur de l’ariary ou le pouvoir d’achat des Malgaches », a confié l’économiste.
Face-à-face
Des élus de la Chambre basse ne veulent pas non plus rester indifférents suite à l’annonce, ce jeudi, de la reconduction de Christian Ntsay à la tête du gouvernement. C’était surtout le cas de Eléonore Johasy, députée élue dans le district de Vangaindrano. « L’Exécutif poursuivra le travail qu’il a commencé au cours des cinq premières années, car le Président n’a pas changé le Premier ministre. Le problème est que certains points de leur précédent programme ne correspondaient pas aux priorités demandées par le pays », a-t-elle soutenu. Elle s’interroge sur l’amélioration du secteur privé, l’application de la bonne gouvernance et de la décentralisation réelle. « Dans le cas de Vangaindrano, des efforts restent à faire. Quoi qu’il en soit, ce que l’on attend du Premier ministre et du gouvernement, c’est qu’ils respectent la Constitution, surtout le respect du face-à-face entre eux et les parlementaires », a-t-elle enchaîné. En effet, bien que la loi fondamentale l’exige, cela n’a pas pu se tenir durant les deux dernières sessions parlementaires de cette législature.
Pleins pouvoirs
De son côté, Elia Rabevahiny, président du Parti Otrikafo, n’a pas été surpris de cette décision qui est un signe, selon lui, d’une relation un peu particulière entre les deux hommes forts de l’Exécutif. « On s’attendait à ce que le président Andry Rajoelina reconduise Christian Ntsay comme numéro Un de Mahazoarivo. Cette décision a prouvé une fois de plus qu’Andry Rajoelina ne dispose pas des pleins pouvoirs en tant que président », a-t-il indiqué. Le parti Otrikafo reste convaincu qu’avec les mêmes têtes on ne peut espérer aucun changement. « Ils vont refaire ce qu’ils ont fait durant ces cinq dernières années », a-t-il continué.
Confiance
En tout cas, les réactions des leaders du Collectif des candidats sont les plus entendues et leur rencontre qui devrait se tenir dans les semaines à venir apportera plus d’éclaircissements sur leur position et les actions qu’ils devraient mener pour la poursuite de leur revendication. En attendant, dans le camp de la majorité, on se félicite de cette décision tout en indiquant que cela s’inscrit dans la logique des choses. « Le Président veut tout de suite passer à l’action. Il a ainsi misé sur la continuité et accordé sa confiance à une personne qui a déjà fait ses preuves même dans les moments les plus difficiles », a-t-on lâché.
Julien R.