La Jirama ne peut plus honorer ses engagements avec ses fournisseurs, non seulement à cause de l’accumulation de ses dettes, mais également à cause de l’inéquité dans les termes des contrats, qui sont actuellement en cours de renégociation.
Il faut mettre fin aux superprofits des fournisseurs de la Jirama, pour sortir cette société d’Etat du gouffre financier. C’est le résultat de l’étude menée par la Banque Mondiale, qui a amorcé les renégociations des contrats, notamment avec les compagnies pétrolières. Entre 2012 et 2016, les subventions accordées par l’Etat à la Jirama ont atteint un total de 1.500 milliards d’Ariary. Cette somme astronomique n’a pourtant pas réglé le problème de la société productrice d’eau et d’électricité. Au 30 juin 2019, le rapport de la Banque Mondiale a encore indiqué des arriérés de la Jirama de 1.600 milliards d’Ariary. « Le coût moyen opérationnel était de 983 Ar par kWh, alors que le tarif moyen était de 516 Ar par kWh. La JIRAMA a perdu 290 milliards d’Ar en 2018, malgré une subvention de 315 milliards Ar. Sans intervention rapide, le déficit de l’entreprise va se creuser, et les pertes annuelles culmineront à près de -1 .400 milliards d’Ariary en 2025 », a indiqué le rapport. En effet, l’exercice à perte de la Jirama n’est pas un fait nouveau. Selon le nouveau PCA de la société, Solonirina Andriamanampisoa, la Jirama doit impérativement réduire ses coûts. Parmi les actions qu’il a évoquées figurent la réduction des pertes non techniques et la renégociation des contrats avec les partenaires.
Résiliation. Le 30 septembre dernier, la Jirama décidait de résilier son contrat d’achat d’énergie avec Jovena. Ce contrat concerne les sites de production électricité NOOR 1 et NOOR2 exploités par AGGREKO, qui totalisent environ 50MW en énergie thermique. D’après les explications, la Jirama achète cette énergie à un coût très élevé, par rapport au prix proposé à ses usagers, raison pour laquelle, la société d’Etat tourne à perte, depuis des années. En effet, les arriérés de la Jirama envers Jovena Madagascar s’accumulent depuis des années. Un calendrier de règlement a même été élaboré en 2015, mais jusqu’à présent, la société d’Etat se trouve dans l’incapacité de payer ces arriérés. Certes, comment une société pourrait-elle payer ses dettes, alors qu’elle tourne toujours à perte ? Pour les dirigeants de la Jirama, cette situation ne peut plus perdurer. Le président de la République, Andry Rajoelina s’est également prononcé, à plusieurs reprises, sur les questions liées à l’énergie. L’arrivée du nouveau PCA Solo Andriamanampisoa donc a abouti à cette résiliation de contrat d’achat d’énergie avec Jovena.
Latitude. Certes, en résiliant le contrat avec Jovena, la Jirama compte accroître sa production d’électricité, à des coûts plus compétitifs. Le mois dernier, le ministre de tutelle, Vonjy Andriamanga a déjà déclaré que la Jirama peut importer directement du carburant pour sa production. Selon ses dires, un appel d’offres international est en cours de lancement, afin d’assurer l’approvisionnement de la Jirama en carburant à moindre coût. Ces décisions auront certainement des impacts au niveau de la finance de la société d’Etat. Par ailleurs, d’autres contrats avec d’autres partenaires de la Jirama sont encore en cours de négociation. Pour les économistes qui ont réagi positivement à cette résiliation de contrat d’achat d’énergie entre la Jirama et Jovena, l’issue de ces différentes négociations est déterminante pour le redressement de la société d’Etat.
Antsa R.