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dimanche, novembre 24, 2024
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Réduction de la pauvreté : Un Gouvernement pragmatique suggéré par le GNEPUD

Pr Mamisoa Fredy Andriamalala, président du GNEPUD.

Les débats sur la mise en place du  nouveau Gouvernement se multiplient. Le GNEPUD (Groupement National des Experts et des Professeurs des Universités pour le Développement) apporte des explications sur la pertinence d’un gouvernement pragmatique. Interview avec Pr Mamisoa Andriamalala Freddy, économiste et politologue – consultant international et président du groupement.

Midi Madagasikara (MM). Quel est l’intérêt de votre communication, en tant que think-tank ?

Mamisoa Andriamalala Freddy (MAF).D’abord, notre communication ne vise absolument pas à défendre l’intérêt d’acteurs particuliers. Elle est plutôt censée remplir une sorte de « fonction de guide complémentaire » qui permet d’aider les décideurs dans la prise de décision politique. Il s’agit plus modestement de remplir le devoir intellectuel des citoyens de bonne volonté fondé sur la recherche de « l’intérêt collectif» et l’efficacité de l’action gouvernementale. Ensuite, bon nombre d’analystes donnent plus d’importance sur l’aspect du « pouvoir »  dans la gestion de l’action du gouvernement. À Madagascar, par rapport aux contextes économique, social et politique actuels, il est pourtant pertinent de mettre l’accent sur l’aspect du « savoir », c’est-à-dire sur les relations entre les scientifiques et les politiques dans la structuration du nouveau gouvernement. C’est en quelques sortes un effort de « Scientifisation » de la politique. 

MM. Pouvez-vous apporter des précisions sur ces relations en question ?

MAF.Les relations entre les « scientifiques »  et les « politiques » sont appréhendées de façon descriptive à l’aide de la typologie du gouvernement, à savoir le modèle « décisionniste », le modèle « technocratique »  et le modèle «  pragmatique ». L’analyse des relations entre les experts et les politiciens se base sur une grille composée de trois points essentiels. D’abord, le rapport fonctionnel. Dans ce cadre, le modèle de « gouvernement décisionniste ou politique » exige une séparation entre experts et politiciens. Il en est de même pour le « modèle technocratique » tandis que le « modèle « pragmatique » accorde plus d’importance sur les échanges mutuels entre experts et politiciens. Le public a une possibilité d’intervenir pour apporter des critiques constructives. Deuxièmement, la hiérarchie, c’est-à-dire, le « modèle décisionniste » met les politiciens au pouvoir comme chef hiérarchique des experts tandis que le « modèle technocratique » place les experts au-dessus des politiciens. En ce qui concerne le « modèle pragmatique », les experts et les politiciens accordent plus d’intérêt aux dialogues avant de prendre une décision. Et troisièmement, la nature du pouvoir. Dans le « modèle décisionniste », le pouvoir autocratique est primordial et il fait l’acclamation des élites politiques.  Quant au « modèle technocratique », les contraintes objectives (efficacité, optimisation et maximisation des buts, rationalité, efficience) dominent tout et le public n’y joue  aucun rôle.  Et pour le « modèle pragmatique », un contrôle démocratique est possible et il y a discussion publique des buts et des moyens. 

MM. L’opinion publique et les partenaires de développement, même le président de la République parlent davantage de «  méritocratie » et de « technocratie » dans la gestion de l’action gouvernementale, qu’en pensez-vous ?

MAF.Dans la gestion de l’action gouvernementale, la « technocratie » est synonyme d’optimalisation des politiques publiques et des ressources qui y sont allouées. La « méritocratie » suggère que la « Bonne personne soit à la bonne place » (the right man in the right place).  Il faut dissocier les « scientifiques pragmatiques »  des « scientifiques purs », ces derniers sont couronnés de diplômes mais ont du mal à comprendre les finalités des actions du gouvernement selon les modèles suivants. D’abord, le « Scientifique dans sa tour d’ivoire » qui cherche à appliquer la « science pure » dans la gestion de l’action du gouvernement et s’intéresse avant tout à l’aspect esthétique de ses conseils, théories et discours sans tenir compte de la réalité exacte. Ensuite, le « Scientifique-astronome » qui se considère comme un observateur objectif et neutre, à l’extérieur de la réalité ou problème à résoudre. Comme l’astronome qui n’est pas responsable du mouvement des étoiles et n’assume pas de responsabilité quant aux conséquences de ses conseils et  prévisions dans la gestion de l’action du gouvernement. Puis, il y a également le « Scientifique-technocrate pur » qui possède des conseils et modèles globaux d’action gouvernementale et cherche à imposer aux décideurs politiques, dont le président de la République, ses idées sans modification. Et enfin, nous avons le « Scientifique-pragmatique » qui peut donner des résultats palpables dans la gestion d’un département ministériel dans un délai raisonnable. Il est capable d’entretenir des dialogues et relations mutuelles dialectiques dans différents domaines d’intervention : économie, finance, social, diplomatie, etc.  Il utilise des outils de management public dont la technique d’évaluation a priori, ou à mi-parcours ou ex-post pour suivre l’action gouvernementale. Il est capable de prévoir les conséquences positives et les retombées négatives des décisions prises par le président de la République dans le processus de décision stratégique et opérationnelle. C’est un acteur-légitimateur et propagandiste scientifique de l’action gouvernementale.

MM. En tant qu’économiste et politologue, spécialiste dans le Management de l’action gouvernementale, quel modèle de gouvernement suggéreriez-vous et votre association ?

MAF.Eu égard aux effets néfastes de la crise sanitaire et de la crise économique mondiales tels que l’inflation rampante,  la faible performance des Finances publiques et l’intensification de la pauvreté, il est très souhaitable de pratiquer le modèle de « gouvernement pragmatique » dont l’ossature est constituée en grande partie par des Managers publics performants, c’est-à-dire des technocrates-pragmatiques pour réconcilier politique et science. Et ce, dans le but d’accroître l’efficience et l’efficacité de l’action du gouvernement. 

Recueillis par Antsa R.

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