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samedi, juillet 5, 2025
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Reforestation de Madagascar : Les défis de l’auto-appropriation des Malgaches

Le pari de reverdir Madagascar a été lancé.

Reverdir Madagascar figure parmi les priorités de l’Etat actuellement. Un objectif ambitieux et louable compte tenu des pertes en matière de biodiversité, de la situation environnementale en général, mais également de ce que pourrait être le Madagascar des générations futures. `

L’Etat s’est lancé le défi de « reforester » 40.000 hectares de terrains chaque année à compter de celle actuelle. Le tout en changeant de paradigme qui met la reforestation comme étant une politique d’Etat et non une action habituelle, à l’image des reboisements périodiques menés chaque année et qui n’ont pas vraiment pu résoudre le problème de l’ Ile Rouge. La situation de l’environnement est, en effet, paradoxale à Madagascar. En ce sens que d’un côté, les actions de sauvegarde ont connu des avancées considérables ces quinze dernières années. De l’autre, le déclin en matière de biodiversité a connu une vitesse « grand V ». Les feux de brousse et les exploitations abusives des ressources naturelles ont fait que Madagascar figure parmi les 10 pays qui comptent le plus d’espèces en voie de disparition. Une situation relatée dans un article paru dans le magazine Forbes en date du 26 mai 2019 dernier et suivant les données recueillies dans l’International Union for Conservation of Nature’s Red List of Threatened. Madagascar occupe la troisième marche du podium après le Mexique et l’Indonésie.

La reforestation devrait permettre de préserver la richesse en biodiversité de Madagascar.

Concept. La politique de reforestation initiée par le gouvernement actuel entend changer la donne. Comme l’a fait savoir le Premier ministre Christian Ntsay lors d’une interview, « La reforestation est actuellement une politique. Entrant dans le cadre de la politique générale de l’Etat et figurant parmi les priorités du gouvernement, la reforestation entend mettre la priorité sur comment protéger ce qu’il y a et comment étoffer davantage les ressources en biodiversité ». Pour ce faire, le gouvernement actuel a « changé le paradigme de la stratégie pour l’environnement« , d’après les dires du Premier ministre. Christian Ntsay d’expliquer : « L’idée ne consiste plus à simplement protéger l’environnement. Notamment les forêts, parce que lorsque l’on parle de l’environnement, le raisonnement collectif va directement dans ce sens. Il s’agit de penser à la gouvernance des ressources naturelles et environnementales de façon à garantir leur durabilité ».

Clé de voûte. Accélérer le rythme de la reforestation en utilisant des approches, des méthodes et techniques nouvelles seraient le moyen trouvé par le pouvoir actuel afin d’atteindre cet objectif de 40.000 hectares de terrains « reforestés » chaque année. Entre autres, une auto appropriation de tous les acteurs et de toute la population malgache dans l’initiative gouvernementale. « Une révolution d’esprit » que l’Etat entend pouvoir mener par la mise en place d’un « plan d’aménagement du territoire ». « Il faudrait que le pays soit clairement mappé. Il faut qu’on arrive à cartographier les sites suivant divers secteurs : l’industrialisation, la reforestation, l’aménagement agricole ou encore la migration rurale » a expliqué Christian Ntsay. L’idée serait de permettre à la population d’identifier clairement les différents sites. Ce qui devrait éviter l’introduction des populations locales dans les aires protégées. Comme l’a souligné le Premier ministre Christian Ntsay, « quand il n’y a pas de plans d’aménagement clairs, les populations locales s’attaquent aux aires protégées. Les cas de Menabe Antimena et de Port-Berger n’en sont que quelques manifestations. En préservant les forêts situées dans les sites de reforestation, les populations y trouvent leur compte. C’est extrêmement important qu’elles prennent conscience que préserver l’environnement leur est bénéfique. La sauvegarde de l’environnement est surtout bénéfique pour la future génération ». Outre l’aménagement du territoire, le gouvernement entend également travailler étroitement avec les organisations de la société civile qui œuvrent dans le domaine de l’environnement, ainsi que les entreprises du secteur privé via leurs politiques de responsabilité sociétale d’entreprise, ou RSE.

Les feux de brousse sont une des causes de la destruction de l’environnement à Madagascar.

Des moyens. A partir de tout ce qui a été dit pour la mise en œuvre de la politique nationale de la reforestation, la question de ressources se pose logiquement. « Une question de choix des priorités » d’après Christian Ntsay avant de faire savoir que « l’Etat a décidé d’allouer des ressources internes dans cette optique ». Interrogé sur le montant total desdites ressources, le Premier ministre de faire savoir « La question de reforestation étant transversale, il conviendrait d’attendre le bilan de cette première année d’exercice pour avoir des réponses solides et fiables ». La mise en place d’un fond national devrait également être envisageable. Un fond qui puisse répondre au nouveau paradigme de façon à assurer les financements des actions et activités relatives à la mise en œuvre de la politique nationale de la reforestation.

Sur le côté technique, les expertises et connaissances aussi bien nationales qu’internationales seront nécessaires. Comme l’a noté le Premier ministre : « Nous disposons des ressources humaines très techniques sur lesquelles nous  pouvons compter. Et pour mettre toutes les chances de notre côté, il conviendrait que nous prenions exemple sur des pays qui ont réussi le pari de la reforestation. Le cas du Kenya est très inspirant. Le pays a fait d’énormes progrès dans ce domaine. Les échanges et les partages entre Madagascar et ce genre de pays qui a fait la différence sont vivement encouragés ».

Nationale et garante de l’avenir du pays, la reforestation est l’affaire de tout un chacun. Avec un plan d’aménagement du territoire, travaillant avec les ressources internes, dans une atmosphère de partenariat public-privé-associatif, il n’y a pas de raisons – sur le papier – que Madagascar n’atteigne les objectifs fixés… Encore faudrait-il que les Malgaches s’approprient le processus.

 Dossier réalisé par José Belalahy

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