Vingt-deux magistrats ont été suspendus au Ghana après avoir été accusés de corruption. Ils ont été filmés clandestinement en train de recevoir des pots-de-vin, selon l’instance de supervision des juges. Les magistrats et autres responsables judiciaires auraient accepté de l’argent dans une série de dossiers, allant de nominations à des jugements de complaisance. La même instance a ajouté avoir commencé à examiner le cas de 12 autres juges. Un vrai scandale!
Réforme en marche
Dans notre pays, la réforme judiciaire figure aussi comme au Ghana parmi les priorités de l’Exécutif. Elle figure en bonne place dans la politique générale de l’Etat (PGE) et le programme de développement national (PND). Des organisations internationales comme le PNUD, le FMI y accordent leur attention sachant que la justice est un grand pilier de l’économie. Il va de soi que l’atteinte des objectifs d’Etat de droit et de bonne gouvernance serait compromise sans une justice qui fonctionne efficacement, équitablement et impartialement. L’accord de financement qui pourrait aboutir avec le FMI dont une délégation est en ce moment dans nos murs n’ignorerait pas ce volet de réforme judiciaire dont le pays a besoin. Le Premier ministre Jean Ravelonarivo a évoqué récemment ce programme au cours de sa visite en France avec les hauts responsables français dont le Premier ministre Manuel Valls. Résultat, une délégation du ministère de la Justice française viendra pour entrevoir la relance des travaux de l’Agence Française d’Expertise Technique Internationale (AFERTI) qui a cessé d’exercer à Madagascar en 2009. L’appareil judiciaire connaît des obstacles importants à son efficacité. La corruption, la lenteur des procédures et la surpopulation carcérale dégradent son image. La méfiance des justiciables envers la justice a augmenté. Le changement est à l’ordre du jour. Le Premier ministre a souligné en début de mandat que « la corruption et les interventions ne sont plus tolérées et tolérables pour une bonne gouvernance et pour redorer le blason de la Justice malgache ternie ». Quant aux autres maux, tels que la lenteur des procédures et la surpopulation carcérale, plusieurs milliers de justiciables, dont les affaires ont été déjà traitées par les tribunaux, attendent, quelquefois beaucoup de temps, des années parfois, pour être notifiés du verdict. Si la réforme engagée par l’Etat arrive à résoudre ces problèmes, un grand pas sera réalisé en faveur de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance. L’expérience du Ghana enseigne qu’il faut du courage pour réussir une réforme. Le Conseil judiciaire veut assurer les Ghanéens que les résultats de ces procédures seront rendus publics et que les sanctions n’épargneront aucun de ceux dont la culpabilité aura été établie. Il reconnaît que la perception ou l’existence de la corruption au sein du pouvoir judiciaire mine la confiance dans l’Institution et ne peut être toléré. Les discours se rejoignent. Il reste l’efficacité.
Zo Rakotoseheno