Pour les observateurs de la vie politique malgache, la situation actuelle est particulièrement complexe. Pour la décrypter, il faut faire preuve de subtilité. Néanmoins, tout le monde convient que le régime a en son sein d’habiles stratèges.
Un régime maître du jeu politique
Le régime a réussi jusqu’à présent à contenir toutes les velléités de contestation. Il a fait preuve jusqu’ à présent d’une habileté manœuvrière sans égal. Loin d’utiliser une répression aveugle, il a su montrer sa force sans servir. Les plus extrêmistes des opposants ne sont pas allés jusqu’au bout de leur logique et n’ont pas pris la tête des manifestants prêts à interpeller les dirigeants. L’AFP et la plateforme ADP, après avoir haussé le ton, semblent avoir adopté un silence prudent. Le pouvoir semble avoir réussi à museler les plus virulents. Maintenant, ce sont les marchands informels de la capitale que la CUA veut faire rentrer dans la légalité qui risquent de semer le désordre en ville. Ces derniers veulent obliger Lalao Ravalomanana à démissionner. Cette fronde des marchands de la capitale ne gêne cependant en rien le régime. Certains observateurs affirment même que cela l’arrangerait plutôt de voir l’épouse de l’ancien président en difficulté et qu’il verrait d’un bon œil ces trublions la pousser vers la sortie. Pour l’instant, il n’y a pas encore péril en la demeure, mais la virulence des porte-paroles de ces manifestants laisse penser que leur mouvement n’est pas tout à fait spontané et qu’il pourrait être encouragé en sous main. Actuellement, le régime compte les coups et neutralise un à un ceux qui pourraient lui porter ombrage. Le monde de la presse qui est censé être le quatrième pouvoir est sur la défensive et doit attendre la suite que le chef de l’Etat va donner à leurs propositions faites avant-hier à Iavoloha. Sur la scène intérieure malgache, le régime est maintenant maître du jeu.
Patrice RABE