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dimanche, juillet 13, 2025
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Régimes politiques et défense de privilèges : Marqués par les kleptocraties et le sous-développement, selon Pr Mamy Ravelomanana

Mamy Ravelomanana, Professeur agrégé des Universités en Sciences économiques.

Les derniers modèles Toyota V8 sillonnent les rues de la capitale, se moquant des nids-de-poule. Le Pr Mamy Ravelomanana a soulevé qu’au lieu d’allouer les ressources nécessaires à la réfection des routes, les hauts fonctionnaires de l’Administration préfèrent se pavaner au volant de ces voitures.

Au lieu d’importer des hélicoptères pour la lutte contre les « dahalo », ils défilent dans ces 4×4 protégés par l’armée et les gendarmes dont les collègues se font tuer en raison de l’absence d’appui aérien. Le pays aurait pu acheter un de ces légendaires Alouettes pour deux de ces 4×4 Toyota V8, indique le Mamy Ravelomanana, Professeur agrégé des Universités en Sciences économiques et non moins membre fondateur du CREM (Cercle de réflexion des économistes de Madagascar). Cet expert d’évoquer les propos du Maréchal Mobutu, s’adressant à feu Habyarimana : « Je suis au pouvoir depuis 30 ans et je n’ai construit aucune route. Maintenant, ils (les rebelles de l’actuel Président Kagamé) utilisent vos routes pour venir vous chercher ». Selon le Pr Mamy Ravelomanana, le Zaïre est l’archétype de l’Etat prédateur, stade extrême d’un régime autocratique, où l’Etat délaisse toutes les infrastructures et les services publics à l’abandon, alors que les quelques privilégiés du premier cercle du pouvoir profitent de toutes les richesses disponibles. En 2016, Madagascar est passé derrière la République Démocratique du Congo (ancien Zaïre) en ce qui concerne le taux de pauvreté (au seuil de pauvreté  1 USD en Parité de Pouvoir d’Achat 77,6% de pauvres pour Madagascar contre 77,2% pour la RDC). « Si Madagascar n’a pas atteint le degré de prédation du Zaïre de Mobutu, le réseau routier a été réduit de 2/3 depuis l’indépendance, et la région du Lac Alaotra grenier à riz du pays, n’est toujours pas desservie par une route bitumée. Aucun régime n’a pu ou voulu bitumer la fameuse Route Nationale 44 », a noté le représentant du CREM.

Exclusion. Selon toujours ses explications, tous les services publics se sont détériorés et l’exemple de l’éducation est patent : les enfants des paysans et des urbains pauvres fréquentent les EPP parfois à même le sol et dont les infrastructures sont classées avant-dernières (devant le Nigeria) selon les services d’évaluation de la Banque Mondiale en 2015. « Les enfants des couches sociales supérieures fréquentent les écoles françaises ou privées. A ces derniers seront réservés les postes les plus élevés dans l’Administration (Finance, Mines, Magistrature…). Ecarter le plus de concurrents possible de l’accès aux rentes (fonction publique, ressources naturelles, aides internationales) permet de limiter le partage: la protection des privilèges au détriment de l’innovation et d’un réel développement économique est la marque de fabrique de la quasi-totalité des pays africains. De tels exemples peuvent se multiplier à l’envie », a indiqué le Pr Mamy Ravelomanana. « Ces régimes qu’on appelle également des kleptocraties ou régimes néopatrimoniaux ont une autre particularité : dans sa version la plus bienveillante et à l’ère moderne, le Patriarche (et Kleptocrate ou Patron) fournit aux “clients” un accès aux besoins essentiels, aux infrastructures, à la sécurité des personnes et des droits de propriété, et les “clients” doivent payer des impôts sous une forme ou une autre.  Leurs votes peuvent également être achetés. Ceux qui hésitent à se conformer à un tel ordre sont sanctionnés », a-t-il poursuivi. Un patronage plus sophistiqué ferait référence à un marché politique où l’élite et les bureaucrates faisant office de  relais du Patron, échangent des faveurs  avec les clients (les entreprises, électeurs et citoyens) par des procédés tolérés, les lobbyies aux Etats-Unis  à la limite de la légalité dans les réseaux d’influence, ou totalement illégaux lorsqu’il s’agit de corruption.

Vers un changement. L’autocrate patriarche est souvent appelé “Guide Suprême”, “Timonnier” (Dadabe, Dada, Deba…à Madagascar) et est protégé par l’élite ou sélectorat. Ce type de clientélisme existait à l’époque féodale avec un système hiérarchique dans lequel les clients (les serfs) sont obligés de fournir des biens et des services (tels que la main-d’œuvre, certaines parties de leurs cultures) et le patron (le seigneur) en échange leur permet de profiter des besoins de base de subsistance. Pour être complet, le «patron» devait protéger ses clients des bandits, afin de pouvoir déduire des impôts de leur production.   Alors que la présence de ressources naturelles abondantes,  d’une aide internationale importante, le maintien ou l’émergence d’un régime kleptocrate ou d’une autocratie et d’institutions relais extractives, la présence d’un groupe d’industriels innovants et tournés vers le commerce international accélère le processus démocratique . Telle est la conclusion des universitaires américains Acemoglu et Robinson et du Prix Nobel North, relayé par le Pr Mamy Ravelomanana.

Antsa R.

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