
La tension est latente dans la région Atsimo Atsinanana (Sud-Est). Et pour cause-à part le contexte électoral bien sûr- un projet d’exploitation d’ilménite à Farafangana.
Des voix s’élèvent dans la région pour essayer de faire un plaidoyer, voire un lobby pour « contrer »/arrêter ce projet qui n’a pas encore, soulignons-le, démarré sa phase d’exploitation, afin que celle-ci n’ait pas lieu. Des voix comme celles des autorités traditionnelles notamment ; qui s’insurgent contre le projet pour deux raisons. La première ; c’est que celles-ci sont bien conscientes des impacts environnementaux, guère réjouissants de ce projet. Des impacts écologiques comme la pollution des eaux et la pollution atmosphérique par exemple, dont l’exploitation des énergies fossiles figure parmi les premières causes, ou encore la déforestation massive, dont le record mondial est détenu par Madagascar. Une pollution de l’air qui en même temps cause l’intoxication aux substances chimiques nocives, ayant été scientifiquement prouvée comme étant une véritable menace pour la santé communautaire dans les localités concernées (maladies respiratoires, cardiovasculaires, malformations fœtales, cancers, etc.) Joint au téléphone hier soir, le Chef de région de l’Atsimo Atsinanana, n’est pas non plus des plus enthousiastes pour le projet : « Ce projet n’est pas sans risques. Il menace autant la santé publique, que la cohésion sociale par les tensions socio-économiques latentes qu’il couve. Par ailleurs, nous appelons toutes les parties prenantes à chercher le juste équilibre entre les profits économiques et les conséquences socio-environnementales. Il est question de réfléchir sur la justice environnementale et climatique. » Les énergies fossiles sont effectivement la principale (et non la seule) cause du changement climatique et de l’aggravation de ses effets.
Impact socio-environnemental. Notons que pour ce genre de projet, une étude d’impact (socio)-environnementale est toujours menée en amont. Ce projet d’exploitation d’ilménite n’a pas fait exception, une étude d’impact environnemental a bien été menée (courant septembre 2017), mais il semble que le côté « social » ait été toutefois occulté : des communautés sont susceptibles d’être déplacées, des considérations/dissensions « tribales » entre sont malheureusement entrées en jeu : à Vohipeno, des autorités traditionnelles en sont venues à déclarer que ceux qui cautionnent ou « se plient » devant ce projet seront exclus des Antemoro, même topo pour les Antefasy ; et Dieu sait à quel point le hasina, l’identité culturelle sont des valeurs sacrosaintes pour les natifs du Grand Sud-Est. Pour en revenir aux Toutefois, les observateurs et les concernés restent sceptiques sur la neutralité et la véracité de ces études. L’association des « Ampanjaka Antefasy » (Rois Antefasy (tribu majoritaire du sud-est de Madagascar) représentée par leurs trois « ampanjaka » Ndrendrafia, Ndremanalina et Ndremamory de souligner : « Nous ne cautionnons pas et n’acceptons pas le démarrage de ce projet d’exploitation chez nous. Cela nous divise, accapare nos terres, défriche nos forêts, pollue nos rivières, détruit la qualité et le rendement de nos produits de rente. D’ailleurs les résultats de ces études sont souvent biaisés, et les mécanismes de compensation mis en œuvre rarement à la hauteur des dommages causés. », dans un passage extrait d’une déclaration du 18 août 2018, mais qui ne diffère en rien de celle signée par les mêmes « ampanjaka », mais datant du 28 octobre 2017.
Luz Razafimbelo