
Des images historiques sur les réseaux sociaux, la relique sacrée du roi Toera, son crâne en l’occurrence, a été restitué aux Malgaches. Une délégation étatique, accompagnée des descendants de ce grand monarque malgache, a récupéré hier la relique à Paris, en France, après plusieurs démarches. Il ne reste désormais plus que son retour sur le sol national pour consacrer le retour effectif du roi Toera sur ses terres. À partir de ce moment, il pourra être introduit au même rang que les rois du groupe humain Sakalava lors du rite du Fitampoha. Dès lors, cette récupération de son crâne chez les anciens colons est symbolique sur plusieurs points. Historique, culturelle, politique. Le retour à Madagascar tant attendu de la relique sacrée se fera le 31 août. Un grand jour pour le pays, puisque le roi Toera incarne le patriotisme malgache, allant jusqu’à sacrifier sa vie pour la terre de ses ancêtres. Intraitable face aux assauts des colons français, il fallut user de ruse pour parvenir à le décapiter en 1897, sa tête étant ensuite emportée en France comme trophée. À ses côtés, 5 000 personnes furent également massacrées à Ambiky par l’armée coloniale française. Tout un village fut ainsi rayé de la carte. La mort du monarque permit alors à la colonisation d’imposer sa mainmise sur cette région qui correspond aujourd’hui au Menabe. Le crâne du roi sera introduit dans le “zomba” à Mitsinjo ce 4 septembre, vers minuit. Mais il ne représente que la partie visible d’un drame plus vaste : plusieurs autres crânes demeurent encore aux mains de la France. Celui du roi Toera, bien qu’hautement symbolique, n’est que la pointe de l’iceberg. La loi française sur la restitution des restes humains et des artefacts ne saurait occulter cette réalité. Restituer un crâne sacré ne doit pas suffire à faire oublier les autres, sans quoi il ne s’agirait que d’une « politique manipulatrice et teintée de nécromancie. »
Maminirina Rado