8 mois après sa fermeture, le quartier réservé à des détenus privilégiés a rouvert ses portes hier.

Bris de scellés. « Nous ne sommes pas sous les ordres des magistrats ». C’est ce qu’a déclaré le personnel de l’Administration pénitentiaire qui ne reconnaît plus que l’autorité hiérarchique du Directeur Général de l’Administration Pénitentiaire (DGAP). Joignant l’acte à la parole, les pénitentiaires ont procédé hier, à la réouverture du quartier Maputo à la prison d’Antanimora. Les portes scellées sur instruction du ministre de la Justice sortant ont été dessoudées. Si ce n’est pas un bris de scellés qui constitue une infraction pénale, ça lui ressemble.
Lutte contre la corruption. « La création du quartier Maputo n’était pas l’initiative des pénitentiaires », selon les intéressés. En faisant remarquer que « la suppression de ce quartier n’a aucun impact sur les pénitentiaires ». Rappelons que la fermeture de Maputo s’inscrivait dans le cadre de la Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption (SNLCC 2025 – 2030) qui vise à renforcer la transparence, l’intégrité et la redevabilité au sein des institutions et de l’administration publique.
Prisonniers politiques
Lors de sa descente à Antanimora en février 2025, le ministre de tutelle avait constaté de visu que l’ordre de fermeture de Maputo était resté lettre morte. La télé avec canal + était en veille ; la partie congélateur du frigo était pleine de sachets contenant de la viande ; les couvertures et effets vestimentaires traînaient sur les lits ; dans les plats et autres ustensiles de cuisine, des restes de nourriture ; les altères jonchaient le sol dans la salle de musculation… Sans oublier les serviettes de bain qui étaient encore mouillées. À l’image de l’eau qui coulait des robinets. Les coupures d’eau et d’électricité étaient rares à Maputo où il n’y a pas de surpopulation carcérale puisque les occupants des lieux payaient un « loyer » ou « écolage », d’après le commun des détenus lambda qui ne peut se le permettre. « Ce sont eux qui auraient prochainement besoin de ce quartier réservé aux prisonniers politiques », selon les pénitentiaires qui revendiquent mordicus la création d’un Secrétariat d’Etat chargé de l’Administration pénitentiaire au sein du prochain gouvernement. En attendant, ils ferment les prisons tout en ouvrant Maputo.
R.O