
Les députés de l’opposition persistent et signent en réclamant le départ de Hery Rajaonarimampianina.
« Démonstration de force ». C’est ainsi que Me Hanitra Razafimanantsoa considère la grande marche des partisans de l’opposition qui s’est tenue hier. Comme prévu, les députés élus sous les couleurs du MAPAR, du TIM, du MMM et des indépendants ont quitté le parvis de l’Hôtel de Ville à Analakely pour se rendre au siège de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) à Ambohidahy où une requête aux fins de déchéance contre le président Hery Rajaonarimampianina a été déposée à 12h45. Une foule immense a participé à ce « diabe ». Selon les estimations de la vice-présidente de l’Assemblée nationale, environ 100.000 personnes étaient présentes, hier, sur la Place du 13 mai. En effet, les rues du centre ville étaient noires de monde pour cette occasion. Malgré cette affluence, aucun débordement, aucun cambriolage avec effraction n’a été relevé. Les organisateurs ont pris des mesures de sécurité particulière pour éviter tout débordement. Conformément à la déclaration du préfet de Police d’Antananarivo, le Général Angelo Ravelonarivo qui consacre désormais ses interventions sur « une réquisition anti-pillages », les forces de l’ordre ne se sont plus intervenues pour disperser la foule. Les quelques hommes en treillis présents dans les rues d’Analakely vers Ambohidahy n’ont fait que regarder le passage des manifestants.
Article 167. En tout cas, l’opposition persiste et signe en réclamant le départ du président de la République. « Miala Rajao ». Tel est le mot d’ordre. Une requête aux fins de déchéance a d’ailleurs été déposée hier. Dans cette requête, les députés MAPAR, TIM, MMM et indépendants évoquent l’article 167 de la Constitution qui stipule que « Aux fins de respecter le prescrit constitutionnel, le président de la République, dans un délai de 12 mois à compter de son investiture, invite les instances compétentes à désigner les membres qui composeront la Haute Cour de Justice afin de procéder dès l’expiration de ce délai à l’installation de la Haute Cour de Justice. Toute partie justifiant d’un intérêt peut saisir les institutions compétentes de demande de sanction en cas de carence. En ce qui concerne le président de la République, exceptionnellement, l’instance compétente est la Haute Cour Constitutionnelle qui serait autorisée à prendre les sanctions qu’aurait pu prendre la Haute Cour de Justice si elle était installée ».
HCJ. En effet, les députés de l’opposition prévoient d’épingler Hery Rajaonarimampianina par les violations répétées de la Constitution, notamment à propos de son refus de mettre en place de la HCJ, mais aussi par rapport au non-application du Pacte de responsabilité. « Si on se réfère à cet article 167, les Juges constitutionnels ne pourront pas évoquer l’irrecevabilité », a martelé Me Hanitra Razafimanantsoa. La balle est désormais dans le camp des Juges d’Ambohidahy qui devraient se prononcer sur le sort de Hery Rajaonarimampianina, sous la pression de la rue. La députée de Tana I a d’ailleurs évoqué qu’ « avec cette requête, nous entamons la dernière démarche dans le domaine du cadre légal. Après, nous allons passer à l’action car nul n’ignore que personne ne peut supporter la pression et faire face à la voix du peuple ». Une menace à peine voilée lancée à l’encontre des membres de la Haute Cour Constitutionnelle.
« Ampamoaka ». L’hommage aux victimes des violences des forces de l’ordre lors de la manifestation de samedi dernier ayant pris fin, place désormais au règlement de compte politique. Me Hanitra Razafimanantsoa s’est adressée particulièrement au Premier ministre Olivier Mahafaly Solonandrasana. « Vous êtes impliqué dans les affaires Claudine Razaimamonjy. En tant que ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, vous êtes le premier responsable des détournements commis au niveau de ce département. Vous ne vous en tirez pas comme ça. Tôt ou tard, vous paierez pour vos actes », a déclaré Me Hanitra qui a aussi lancé une même mise en garde à l’encontre du président du Sénat et non moins président du parti HVM, Rivo Rakotovao. Affirmant disposer des preuves incriminant des membres du gouvernement et des proches collaborateurs du président Hery Rajaonarimampianina, les députés de l’opposition menacent de faire un « ampamoaka ».
« Mpijapy train ». Ils demandent également aux responsables ministériels de cesser les intimidations contre les syndicalistes qui souhaitent renforcer le mouvement sur la Place du 13 mai. Lors d’une conférence de presse, les parlementaires TIM, MAPAR, MMM et indépendants ont lancé une mise en garde contre les « Mpijapy train » qui organisent des manifestations dans les régions. « Seuls les 73 députés sont autorisés à organiser des manifs », a-t-on rappelé. En effet, ce mouvement est en train de prendre une envergure nationale. A partir de ce jour, une manifestation parallèle sera organisée entre autres, à Antsirabe, Amoron’i Mania, Haute Matsiatra, Befandriana Nord, Bongolava et dans la Région Vatovavy Fitovinany. Les ressortissants malgaches à La Réunion ont également manifesté hier pour exprimer leur solidarité au mouvement initié par les députés de l’opposition.
Davis R