Une réforme réglementaire sur les pesticides a été adoptée récemment par l’Union Européenne (UE) en vue de renforcer l’application des normes de santé et de sécurité au sein des chaînes agroalimentaires. Ainsi, le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), a organisé un atelier d’information relatif aux réglementations nationales et européennes en vigueur, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de Renforcement Institutionnel vers le Développement de la Résilience Agricole (RINDRA), financé sur les fonds du 11e FED (Fonds Européen de Développement). En fait, « il s’agit d’une mise à jour des dispositions réglementaires sur l’importation des produits végétaux en provenance de Madagascar. La quantité de résidus de pesticide acceptable sur ces produits doit être diminuée. Le pays devra ainsi répondre à cette exigence pour pouvoir exporter sur le marché européen. Après la mise en place de cette nouvelle réglementation à la fin de l’année dernière, 25 tonnes de haricot noir en provenance de la Grande île ont été refoulées en Europe car le taux de résidus de pesticides a dépassé la limite », a révélé Olivier Machiels, le directeur du programme RINDRA, lors de cet atelier qui durera deux jours à Ampandrianomby.
Part de marché. « Le port de sortie de ces produits était à Majunga. Et le pesticide incriminé est phosphoré. C’est utilisé pendant la mise en culture des plantes et non pas au moment de stockage. Il faut faire attention à l’usage de pesticide en encadrant les agriculteurs pour protéger leur santé et celle des consommateurs malgaches et étrangers », a-t-il poursuivi. Notons que cet atelier vise à faire connaître à tous les acteurs concernés, les modifications majeures apportées par les nouvelles réglementations de l’Union Européenne sur les pesticides à Madagascar. Ce sont notamment des importateurs et des distributeurs de pesticides à Madagascar, des représentants du Comité National d’Homologation des Pesticides, et des techniciens du ministère de tutelle. En fait, « il faut s’adapter à cette nouvelle réglementation de l’Union Européenne sinon, on risque de perdre notre part de marché. C’est également un moyen nous permettant d’ouvrir d’autres marchés servant de débouchés à nos produits agricoles », a évoqué Tilahy Désiré, le Secrétaire général du MAEP.
Santé des consommateurs. Dans la foulée, le directeur de la Protection des Végétaux, Lahatra Rabemiafara a soulevé que, plus de 80% de nos aliments proviennent des végétaux. « Il faut les protéger sinon on risque de perdre près de 40% de la production agricole. Il faut pourtant utiliser les pesticides à bon escient afin de sécuriser la santé des consommateurs. Pour les produits d’export, on utilise notamment de pesticide pour la culture de black eyes. Mais on rencontre souvent des difficultés », a fait savoir Lahatra Rabemiafara, le directeur de la Protection des Végétaux. Par ailleurs, un plan de retrait des pesticides sera validé à l’issue de cet atelier. En effet, « Madagascar n’utilise peut-être pas d’énormes quantités de pesticides interdits comme en Ethiopie qui produit du DTT dont l’usage est strictement interdit en Europe, mais il y a encore de stock de pesticides interdits qu’il faut éliminer », a soulevé Olivier Machiels. Si des produits agricoles destinés à l’export sont refoulés en raison du taux de résidus de pesticides élevé dépassant la limite maximale, suite aux analyses en laboratoire, quid des produits agricoles mis en vente sur le marché local ? La sécurité sanitaire des consommateurs malagasy sera-t-il ainsi assurée ?
Navalona R.