
Adoptée le 17 décembre 2025 par l’Assemblée nationale, la loi relative à l’accès et au partage des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques et des connaissances traditionnelles marque une étape majeure pour Madagascar.
Madagascar se dote enfin d’un cadre juridique structurant pour protéger sa biodiversité exceptionnelle tout en garantissant une meilleure équité dans sa valorisation. En effet, les richesses naturelles de Madagascar ont longtemps été exposées à des formes de bioprospection mal encadrées. Ce, parfois au détriment de l’Etat et des communautés locales. Situation confirmée par Manesimana Rafanomezantsoa Michaël, ministre de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) le jour de l’adoption de cette loi. « La biodiversité de Madagascar est exploitée par divers acteurs tels que les grandes entreprises pharmaceutiques et cosmétiques mais les malgaches ne bénéficient pas forcément des retombées de cette utilisation » a-t-il noté. L’adoption de cette loi par le parlement malgache constitue ainsi une avancée stratégique pour la souveraineté et la conservation. En s’alignant sur les principes du Protocole de Nagoya, le texte instaure des règles claires en matière d’accès, de consentement préalable et de partage des avantages. « Il crée ainsi un levier juridique pour lutter contre la biopiraterie, renforcer la gouvernance environnementale et encourager une utilisation durable des ressources naturelles. »
Bien au-delà
La loi ouvre également la voie à un financement plus structuré de la conservation, en reliant directement la valorisation économique de la biodiversité à sa protection. Au-delà de l’environnement, les enjeux sont aussi économiques et sociaux. La loi permet à Madagascar de mieux capter les bénéfices issus de l’exploitation de ses ressources génétiques dans des secteurs clés comme la pharmacie, la cosmétique ou la recherche scientifique. Ces retombées, qu’elles soient financières ou non (transfert de technologies, formations, partenariats), peuvent contribuer au développement national. Mais un des points les plus déterminants de ce texte est la reconnaissance des communautés locales détentrices de savoirs traditionnels. En imposant leur participation et un partage équitable des avantages, la loi introduit une dimension de justice sociale longtemps absente. Si sur le papier, tout est à l’avantage du pays, la réussite de cette loi dépendra de sa mise en œuvre effective qui sera tributaire de plusieurs facteurs comme les capacités institutionnelles, la transparence et l’implication des acteurs locaux déterminantes.
José Belalahy



