
Les campus universitaires deviennent les théâtres de revendications mouvementées depuis le mois de janvier. Certaines manifestations connaissent une tournure déroutante.
L’État est sur tous les fronts pour essayer de faire tomber la tension qui commence à gangréner les universités publiques. Hier, le Conseil des ministres a fait tomber une tête à l’Université de Toamasina et a suspendu son président. L’intégrité de la gestion de Conscient Zafitody a été remise en cause par l’Exécutif. Il a payé le prix fort et se trouve désormais sur la touche pour laisser place à un « comité intérimaire ». Une note interne du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui n’a pas du tout été tendre envers la présidence de Conscient Zafitody, semble avoir accéléré ce départ précipité de l’agronome à la tête du campus de Barikadimy.
Grogne. Depuis janvier, les universités sont devenues des foyers de tension dans certaines villes. A Toamasina, le 18 février dernier, la grève des étudiants s’est soldée par des affrontements avec les militaires. Avant-hier, le campus de Vontovorona a, une fois de plus, fait parler de lui après une manifestation nocturne qui a également dégénéré. Les petits commerces aux environs du campus ont été incendiés dans la nuit de mardi. La grogne des riverains est montée suite à ces saccages dont les véritables responsables restent toujours à identifier par les autorités. En février dernier, les élèves ingénieurs avaient déjà tenu une manifestation qui avait débouché sur une échauffourée avec les forces de l’ordre.
Pillage. La semaine dernière, le gouvernement était sur un autre front à Tuléar, et, toujours, face aux étudiants grévistes. Le ministre des Sports, Roberto Tinoka, est dépêché dans la ville pour essayer de désamorcer la grogne des étudiants qui veulent le paiement intégral, et, dans un délai meilleur, leur allocation d’études de 4 mois avec le droit d’équipement offert par l’Etat à chaque début d’année universitaire. Devant les étudiants, le ministre a promis de répondre à leurs revendications, et obtient, à l’issue des négociations, la suspension de la grève laquelle a, notons-le, déclenché une série de pillages du marché de Scama et dans les quartiers d’Andolombazaha et d’Ankilifaly.
Proximité. A Mahajanga, la seule ville épargnée jusqu’à présent par la grève estudiantine, les étudiants de l’université ne brandissent pas de menace de grève. L’intervention des parlementaires qui sont venus entamer une démarche de proximité, pour leur expliquer la politique mise en œuvre par le régime dans le cadre de certaines réformes déjà en cours afin d’assainir la gestion dans les universités, semble apporter ses fruits. La semaine dernière, le vice-président du sénat, Herilaza Imbiki, a, en effet, rencontré des représentants des étudiants à Mahajanga.
Rija R.