Les opérations sur les listes électorales, que ce soit des ajouts de noms ou des retranchements, sont achevées le 15 février dernier. Et actuellement, la Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante) achève les opérations de saisie y afférentes, afin de pouvoir imprimer les listes et de les remettre au niveau des Fokontany pour vérification, uniquement, de l’exactitude des informations fournies par les citoyens. En attendant, nous avons appelé le rapporteur de la Ceni, Fano Rakotondrazaka, hier, pour lui demander « l’évolution » de la participation des citoyens à ce processus. « Nous n’avons pas encore rassemblé toutes les données, mais jusqu’au 15 février, vers 11h30, nous avons enregistré un taux de 0,83% », indique-t-il. Un taux plus que maigre qui n’atteint même pas 1% et qui justifie dans un certain sens, le désintéressement des citoyens au processus électoral général.
Frustration. Si nous essayons de donner des explications sur ce faible taux d’inscription, nous pouvons y arriver à partir de certaines hypothèses. En effet, la plupart des citoyens évoquent une certaine « frustration » vis-à-vis de la Ceni, laquelle n’a pas réussi à relever les deux principaux défis qu’elle s’est fixés auparavant, en l’occurrence, l’exhaustivité et l’exactitude des listes électorales. C’est une expérience vécue et partagée lors de la dernière présidentielle, au premier comme au second tour. De surcroît, la Ceni s’est fiée aux affirmations de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) qui a donné son feu vert à l’utilisation des listes électorales soi-disant « auditées » et ne recelant qu’ « un anodin taux d’irrégularités ». Des allégations de fraudes électorales ont été également mises sur le tapis, mais aucune vérification pointue et profonde n’a été enregistrée. En un mot, il y a un (énorme) problème de légitimité de cette structure chargée d’organiser les élections, collée à son image.
Manque de sensibilisation. Par ailleurs, nous relèverions l’hypothèse selon laquelle il y aurait un manque de sensibilisation de la part de la Ceni et de la société civile. En effet, nous ne sommes pas sans savoir qu’en 2017, les Rale (Révisions Annuelles des Listes Electorales) ont été démarrées en grande pompe à Majunga, et la Ceni s’est fixé un objectif d’enregistrer dix millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales ; un objectif qui n’a pas été atteint, certes, mais dont le taux d’inscription a connu une augmentation de 5%. Tout cela, parce que nous avons préparé une élection présidentielle. Mais, cette année ou durant les dernières Rale, la sensibilisation n’a pas été solide due, dans un certain sens, à un manque d’engagement. (Certains vont avancer le manque de financement bien que des fonds aient été ou soient disponibles). Les organisations de la société civile en ont fait pareil. Combien d’entre elles ont parcouru le fin fond de la brousse pour exhorter chacun à s’inscrire sur les listes électorales ? A expliquer qu’il ne s’agit point d’une démarche complexe et que c’est un devoir ? En 2019, nous sommes toujours dans ce genre de situation et nous allons culpabiliser qui quand les responsabilités ne sont pas prises et assurées ou assumées (c’est selon) par les responsables ?
Aina Bovel