
Un passé difficile, un parcours semé d’embûches, mais aussi une volonté à toute épreuve, qui ont fait d’elle la femme battante et ambitieuse qu’elle est aujourd’hui. « Elle », c’est Rija Ethel Niaina Razafimandimby, sous-directeur chargé de l’administration générale et de la législation du CNTEMAD et non moins femme engagée dans le domaine du social. Portrait.
Le parcours de Rija Razafimandimby s’est construit autour de ses expériences personnelles. Celles-ci ont sans doute forgé chez elle une personnalité de battante. Même si la vie ne l’a pas épargnée, ses efforts pour se construire un avenir ont payé, puisque la jeune femme de 32 ans a aujourd’hui une situation professionnelle et une vie de famille qui la satisfont. Ses fonctions, équivalentes à celle d’un directeur des ressources humaines (DRH) au Centre national de télé-enseignement de Madagascar (CNTEMAD), sa vie sociale très active, sa vie de famille, contribuent à son plein épanouissement. Par ailleurs, présidente et fondatrice de l’association « Efajoro » qui vient en aide aux enfants démunis, Rija Razafimandimby s’investit personnellement dans les actions de l’association. « Pour que l’enfant dans le besoin que j’étais, prenne soin, à son tour, des enfants démunis », confie-t-elle.
Fouiller les poubelles. En effet, une enfance difficile, des parents séparés alors qu’elle n’avait que 10 ans, une grande précarité qui l’a même conduite jusqu’à fouiller dans les poubelles à l’âge de 14 ans pour trouver de quoi survivre, sont autant d’épisodes d’un passé douloureux qui a fait naître chez elle une volonté de se relever et de réussir, coûte que coûte. Son premier échec, au baccalauréat, ne l’a nullement déçu, bien au contraire. Son objectif : s’en sortir, quoi qu’il advienne. A l’époque, sa famille, devenue monoparentale, survit grâce aux efforts de sa mère pour investir dans son éducation et celle de son frère. Alors qu’elle n’a pas encore le bac, elle postule pour un emploi de secrétaire au CNTEMAD et est embauchée. Elle retente le bac, parallèlement à une année préparatoire en communication et réussit. Une licence en communication, quelques années d’études en gestion, puis un magistère 2e partie (équivalent du DEA ou diplôme d’études approfondies), décroché en 2015. Tout cela, parallèlement à une ascension professionnelle au sein du CNTEMAD. Actuellement, elle est dans l’attente d’une admission à l’IEP (Institut des Etudes Politiques) pour des études en sciences politiques en vue de décrocher un doctorat. « On finit toujours par réussir quand on se donne les moyens d’atteindre ses objectifs », soutient-elle. Un de ses objectifs, justement, c’est de faire évoluer le social à Madagascar. « Et pourquoi pas, pour cela, accéder un jour à la magistrature suprême ! Même si c’est, pour l’instant, un rêve ! », glisse-t-elle en esquissant un sourire, mais sur un ton assez sérieux qui en dit long sur ses ambitions.
Persévérance. Fidèle à sa devise, Rija Razafimandimby transmet les mêmes valeurs à ses deux enfants. Persévérer et ne pas se décourager à la première difficulté. C’est, d’ailleurs, le même message qu’elle veut transmettre à la jeunesse actuelle : « il faut se donner les moyens de ses ambitions et ne pas reculer face à l’adversité », confie-t-elle. A travers les actions de son association, elle souhaite démontrer que tout le monde peut contribuer au développement du secteur social dans ce pays. Outre les actions ponctuelles de l’association « Efajoro » comme la réhabilitation d’un bassin lavoir et d’un tronçon de route à Ambohijanaka en 2015, la distribution de repas aux élèves de l’école primaire publique (EPP) de Tsilazaina tout récemment, à l’occasion du Nouvel An et la remise de kits scolaires aux trois élèves les plus méritants de chaque classe dans la même EPP, d’autres actions s’inscrivent sur le long terme. Un projet agricole, notamment, qui consiste au développement de la riziculture. En attendant que ce projet murisse, l’association poursuit ses actions au profit des enfants démunis. A Pâques, elle projette de distribuer des boissons chaudes et des friandises aux enfants des rues d’Antananarivo. Tout cela, Rija Razafimandimby entend l’accomplir sans oublier ses responsabilités au sein de son église, notamment celles qu’elle consacre à la branche croix bleue « Rantsana Fanantenana ». Son autre combat, lui aussi né de ses expériences personnelles. « J’ai connu les effets dévastateurs de l’alcool sur la vie de famille, en ayant un père confronté à ce problème d’addiction », confie-t-elle.
Mais cette femme qui répond présente sur tous les fronts, n’est pas pour autant, moins disponible pour ses autres passions : outre son goût pour la lecture, elle est également passionnée de danse et est même présidente d’un club de danse de salon. Bref, une vie à cent à l’heure pour cette femme au grand cœur qui, partie du bas de l’échelle, gravit les échelons, sans jamais rien lâcher…
Hanitra R.