Les communautés vivant autour des nouvelles aires protégées (NAP) jouent un rôle essentiel dans la conservation de ces aires protégées dont dépendent leur survie et leur bien-être. Aussi la réduction de leur vulnérabilité face aux risques liés à leur principale activité, à savoir l’agriculture, contribue-t-elle à la conservation du capital naturel.
Deux années de recherche-action ont permis à Conservation International (CI) de faire le point sur les vulnérabilités des petits exploitants agricoles dont les risques liés à l’agriculture à Madagascar. Un projet mené dans trois NAP, à savoir, le corridor Ankeniheny-Zahamena, le complexe Mahavavy-Kinkony et les zones périphériques de la rivière Nosivolo qui a bénéficié de l’appui de la Fondation Bill et Melinda Gates.
Il s’agissait essentiellement d’analyser la situation des petits exploitants agricoles en termes de vulnérabilité face aux pressions liées à leurs moyens de subsistance, qu’ils subissent constamment. En effet, les petits exploitants agricoles sont exposés à de nombreux risques, entre autres les cataclysmes naturels dont les cyclones, les inondations et la sécheresse, l’invasion des insectes ravageurs, l’irrégularité des précipitations, ou encore les pertes liées au stockage des récoltes.
Dépendance. L’étude menée par CI dans le cadre de laquelle une enquête a été menée auprès de 600 ménages et plus de 100 organisations d’appui dans ces trois zones, a permis d’identifier d’une part, les risques auxquels sont exposés les petits exploitants autour des zones étudiées et d’autre part, les stratégies de gestion de ces risques – dont certaines ont été testées sur le terrain – mais également d’analyser les rôles des organisations d’appui aux communautés dans la gestion de ces risques.
Le premier constat fait état d’une dépendance évidente des petits exploitants agricoles aux écosystèmes naturels. Ils y puisent nourriture, bois de chauffe, bois d’œuvre et autres chaumes pour leurs habitations et ces écosystèmes naturels se révèlent particulièrement salutaires après la survenue de cyclones, car servent de sources d’aliments d’urgence et de matériaux utiles à la reconstruction des maisons endommagées. Mais en dépit de l’existence de ces recours pour alléger les effets des risques agricoles, de bien meilleures pratiques de gestion agricole sont nécessaires afin de réduire leur vulnérabilité, d’augmenter leur productivité et d’améliorer leurs conditions de vie.
Recommandations. Une perspective d’amélioration des systèmes de production des petits exploitants agricoles nécessite, toutefois, la mobilisation de moyens techniques et financiers, sinon politiques conséquents. L’étude préconise quelques approches à moindre coût, tout à fait envisageables. Elles touchent essentiellement l’accès aux informations et au soutien technique pour la production ou encore la mise en œuvre de petits projets d’infrastructures agricoles locales qui amélioreront la résistance des systèmes de petites exploitations.
Le développement de filets de sécurité formels et la facilitation de l’accès aux crédits constituent également des besoins urgents. Quant à la conservation, la restauration et la gestion durable des écosystèmes naturels, interdépendants avec les petits exploitants agricoles, elles assureront à ces derniers l’accès durable aux ressources qu’elles renferment, lors des situations de détresse. Dans la mesure où 75,4 % de la population active à Madagascar sont dans le secteur agricole, dont majoritairement des petits exploitants agricoles disposant de petits lopins de terre (généralement inférieurs à 2 ha), l’amélioration des activités agricoles de ces ménages et par ricochet, l’amélioration de leurs conditions de vie et de leur bien-être, contribuerait à l’échelle nationale à celle de l’ensemble du pays.
Hanitra R.