Hormis les festivals et les rencontres artistiques, le deuxième semestre est également une période de purification et de rituels pour les tenants de la tradition malgache.
« Les aïeux qualifient les mois de juillet et août de fanjava manara, ririna ou manintsinintsy, littéralement « l’hiver austral ». C’est donc durant cette période que la plupart des rituels sont pratiqués », explique l’anthropologue Thomas Ramakandriana. Ainsi, circoncisions, invocations aux ancêtres et autres pratiques traditionnelles sont organisées dans presque toutes les régions de Madagascar.
Selon Ziry Mahita, astrologue malgache résidant à Ambanja, « les astres s’alignent lorsque le froid est assez intense. Nos ancêtres peuvent alors se manifester. D’autant plus que c’est la période des récoltes, les produits sont disponibles. Souvent, les Malgaches sacrifient des zébus en guise de reconnaissance ». Dans le cas contraire, la tradition impose également des offrandes pour demander la grâce de Zañahary, le Créateur, ainsi que celle des âmes sacrées.
Durant la colonisation, cette coutume a perduré. Elle a su conserver ses bases, bien que le culte ait évolué sous l’influence du christianisme. Toutefois, les avis des spécialistes en sciences sociales divergent à ce sujet. Certains parlent de syncrétisme, d’autres évoquent une mixité culturelle. En effet, au cours des deux derniers siècles, certains doany (lieux de culte) ont été décorés de chapelets ou de croix. De leur vivant, les anciens combinaient souvent le fomba-drazana (religion ancestrale) avec le christianisme.
« Cela ne posait aucun problème dans la société. Personne ne pouvait critiquer cela. En plus, la religion occidentale était une forme de tendance, si je puis dire. Alors, les hautes personnalités s’y mettaient », explique le sociologue Jao.
Aujourd’hui encore, les pèlerins des lieux sacrés attendent le calendrier établi par les gardiens de la tradition. Les vacances sont aussi l’occasion de se consacrer aux razana (ancêtres). Ils veillent sur leur descendance, il est donc du devoir de celle-ci de les vénérer !
Iss Heridiny
