
Aucun pays n’est autosuffisant, quelle que soit sa puissance ou son niveau de développement face à la covid-19. Pour lutter contre cette pandémie qui a affecté terriblement l’économie mondiale en quelques semaines, Roberto Azevêdo, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a fait ainsi de nouvelles déclarations à l’intention tous les pays membres, dont Madagascar.
Commerce ouvert. « Il est dans l’intérêt de tous les pays de coopérer pour maintenir le commerce largement ouvert des produits médicaux. En effet, le commerce permet la production et la fourniture efficaces d’équipements médicaux, à mesure que la maladie progresse selon des calendriers différents dans les différents pays. Le commerce est également un canal essentiel pour l’accès à la nourriture et à l’énergie », a-t-il précisé. L’OMC veut ainsi apporter sa contribution en aidant les gouvernements. En revanche, « la transparence des politiques commerciales permettra d’aider les gouvernements et les entreprises à planifier leurs décisions en matière d’approvisionnement et de production de produits et d’équipements médicaux. C’est pourquoi j’ai exhorté les membres de l’OMC à partager rapidement les informations sur les politiques commerciales liées à la covid-19. La tâche qui nous attend est immense, mais avec les bonnes politiques, un leadership fort et une approche collective, nous pouvons limiter les dégâts et entamer ensemble le processus de redressement », a-t-il évoqué.
En hausse considérable. Notons que les biens et services médicaux constituent un rare segment de l’économie mondiale dans lequel la demande est en hausse. Les recherches menées par les économistes de l’OMC indiquent que le commerce actuel des produits et équipements médicaux essentiels au traitement de la covid-19 est en hausse considérable. L’an dernier, la valeur de ces produits échangés entre les pays membres de cette organisation avait atteint près de 597 milliards USD. On peut citer, entre autres, les masques et les gants, les savons et les gels désinfectants pour les mains, les équipements de protection, les masques à oxygène, les respirateurs et les oxymètres de pouls. « Les gouvernements et les entreprises s’efforcent d’augmenter la production de ces produits et équipements médicaux, y compris les kits de tests et les médicaments pour traiter les symptômes de la covid-19 ; et bientôt, nous l’espérons, les vaccins », a-t-il poursuivi.
Graves problèmes. Sur le plan de la politique commerciale, les membres de l’OMC, dont les États-Unis, la Chine, la Colombie, le Canada et le Brésil, ont introduit des dizaines de mesures pour faciliter le commerce des produits médicaux liés au coronavirus. Ils ont entre autres réduit les droits d’importation, et allégé les formalités de dédouanement et administrative en matière de licences et d’approbation. Ces mesures contribuent à rendre ces produits plus abordables pour les consommateurs nationaux. D’autre part, d’autres mesures, y compris celles prises par certains de ces mêmes pays, ralentiront le commerce. En effet, des gouvernements ont restreint l’exportation des équipements de protection et des respirateurs, afin de renforcer la disponibilité sur le marché intérieur. « Les règles de l’OMC autorisent de telles restrictions en cas de pénurie ou de menace pour la santé. Mais la restriction des exportations des fournisseurs potentiels peut perturber les chaînes d’approvisionnement et causer de graves problèmes dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, qui dépendent généralement beaucoup des importations pour leur équipement médical. C’est pourquoi les dirigeants du groupe des vingt principales économies [G20] ont convenu fin mars que les mesures commerciales liées à la pandémie devaient être ciblées, proportionnées, transparentes et temporaires », a fait savoir le directeur général de l’OMC.
Réseaux transfrontaliers. Et lui d’ajouter que « si le monde tente d’accélérer la production de fournitures médicales, il est logique de s’appuyer sur les réseaux de production et de distribution transfrontaliers existants. Nous voulons que les fabricants de respirateurs s’attachent à en fabriquer autant qu’ils le peuvent, sans chercher à s’approvisionner en composants sur le marché intérieur, ni se demander si les pièces importées ne vont pas se retrouver coincées aux frontières. Nous voulons que le personnel médical dispose le plus rapidement possible de tous les équipements de protection dont il a besoin, qu’importe leur origine ». Par ailleurs, les gouvernements ont une certaine marge de manœuvre pour agir au niveau national, afin de réduire leur facture de lutte contre la pandémie. « Nos données montrent que les droits d’importation moyens appliqués sur tous les produits médicaux essentiels covid-19 sont de 4,8 % à 11,5 % pour les équipements de protection individuelle ; et de 17 % pour le savon et les gels désinfectants pour les mains. Mais ils [les différents gouvernements] ne peuvent pas en faire assez en agissant seuls. C’est pourquoi la coopération mondiale s’impose pour lutter contre la covid-19 », a conclu Roberto Azevêdo.
Recueillis par Navalona R.