
Sharks, l’un des ténors du thrash metal malgache, va se retirer de la scène après son ultime concert du 2 décembre. Un moment choisi pour revenir sur le parcours du véhicule supersonique de ce groupe contestataire jusqu’à la moelle.
Deux albums et une longue absence, voilà ce qui risque de résumer la carrière du groupe de thrash metal malgache, Sharks, héritier des Kazar et autres Cherokees. Grande fût la surprise pour les grands amateurs de ce rock band quand ce dernier a annoncé que son dernier concert sera le 2 décembre. Ce sera chez Maxime aux 67 ha, le quartier qui a vu grandir Sharks depuis la moitié des années 2000. « Nous sommes forcés par nos parcours personnels de mettre un arrêt à notre groupe. Sans doute pour quatre ans si nos projets respectifs se concrétisent », soutient Eddy Rossi.
Le moment est venu de parler de ces douze années de carrière, faites de circonvolutions et de mutations d’un milieu rock en quête de nouveaux souffles. Et surtout, dominé par les groupes frappés par le rock/variété à tendance commerciale. Sharks ne s’est jamais serré dans les rangs. « Le trash est une musique contestataire, cela se joue dans les textes surtout », confirme Eddy Rossi. Ce qui leur a permis de tirer à boulet rouge avec leur premier opus sorti en 2012 « Mahery fo ». Le disque comportait « Hatezeram-bahoaka », « Kolikoly », « Ady seza »… Dans l’ensemble, le disque rapporte sans concession l’ambiance des combats de rue. Ça se fracasse, ça se démène, c’est sanguinolent… un coup de boule féroce contre le système.
Adoubé. Eddy et sa bande sont nés dans le sud-est de Madagascar. Une région maritime ancrée dans la luxuriance de la végétation, mais aussi aguerrie aux affres des cyclones. Sharks, rien que le groupe, est déjà une machine anti-cliché. Si pour les beaux penseurs le métal devait être réservé à une population « typiquement » et exclusivement tananarivienne, le Sharks est là pour remettre ces penseurs à leur place. Et de la plus belle des manières. Le band est aujourd’hui une référence à Antananarivo et ailleurs. Respecté tel un aîné par la génération montante, il a également reçu la considération des pionniers de ce genre musical.
« Pour ce concert, ce sera l’intégral des deux albums », souligne Eddy Rossi. Le second album « Dahalo ambony latabatra » a pourtant reçu la faveur des critiques, surtout les puristes. Sharks s’est essayé à la fusion. Avec « Trotraky », une des chansons de cet opus, « nous avons intégré des sonorités traditionnelles, du roots », fait savoir le leader vocal et guitariste. Sans oublier quelques petits tours dans le hardcore : « On s’est adapté à notre époque », conclut Eddy Rossi. Dans les textes, l’esprit thrash metal est resté intact. Rien que le titre de cet album est déjà assez évocateur. « Dahalo ambony latabatra » signifie « bandits en col blanc ».
Maminirina Rado