
Le numéro Un du MTS revient à la charge après avoir observé le silence durant la visite d’Etat d’Emmanuel Macron et le Vème Sommet de la COI.
Pauvreté
Le numéro Un du Malagasy Tonga Saina (MTS) se dit « outré » par les propos tenus par Andry Rajoelina sur TV5 Monde selon lesquels « les Malgaches sont heureux même s’ils sont pauvres et sans électricité dans les campagnes ». Roland Ratsiraka s’inscrit en faux contre les chiffres sur la pauvreté à Madagascar avancés par le chef de l’Etat.. Il estime que ce dernier « continue son cinéma ». Et de prendre l’exemple du téléphérique qui « n’a pas été inauguré jusqu’à présent malgré l’insistance du président. Beaucoup de sujets et de projets ont été évoqués durant la visite d’Emmanuel Macron qui n’a duré que 36 heures maximum. Ce qui n’a pas empêché le président français et sa délégation de connaître dans les détails les réalités du pays sur le plan de la gouvernance, le non respect de l’Etat de droit et la profonde crise économique qui aggrave la pauvreté des Malgaches, le musellement de ceux qui dénoncent les violations de l’Etat de droit, les détournements de fonds publics, la corruption et toutes formes de dérives ».
Réseau
Le député élu à Toamasina I signale que le président français a parlé du climat des affaires lors de son intervention devant les jeunes et la COI. « Pour inciter les investissements directs étrangers, il est important d’avoir confiance aux dirigeants, au respect des lois du pays ainsi qu’aux infrastructures comme l’énergie et les routes. Emmanuel Macron n’est pas sans savoir que de nombreuses entreprises malgaches et également françaises, sont victimes de redressements fiscaux arbitraires avec des montants faramineux ». Roland Ratsiraka de pointer du doigt « un réseau qui contrôle les finances du pays et monte des dossiers contre des entreprises. Si vous ne payez pas les montants arbitraires, vous êtes parfois même invité à vendre votre entreprise que les membres de ce réseau rachètent pour une bouchée de pain ».
Blocage
Revenant sur le téléphérique, l’élu du Grand Port pense que le fait qu’il ne soit pas encore inauguré et opérationnel, résulte d’un problème d’énergie. « Il semblerait que la puissance délivrée actuellement par la jirama serait insuffisante pour alimenter simultanément le téléphérique et la capitale. En deuxième lieu, il y a également le choix de la société qui devrait gérer le transport par câble. Le régime insisterait sur un choix politique afin d’imposer un prix assez bas et non économique, c’est-à-dire à un prix normal ». Le député fait savoir par ailleurs que « beaucoup d’usines devaient s’installer à Toamasina depuis plus de 5 ans mais à cause du retard du barrage de Volobe, ils se sont désistés. Pourtant cela aurait permis de créer des emplois et de faire baisser le coût de l’électricité dans les foyers ». A ce sujet, Roland Ratsiraka salue l’arrivée d’EDF parmi les actionnaires, tout en rappelant que d’autres sont partis à cause du blocage venant du régime.
Îles Eparses
Sur la question de la sécurité alimentaire, le leader du MTS se demande « de qui se moque-t-on ? » En faisant remarquer qu’« Andry Rajoelina dirige le pays depuis plus d’une décennie – la période de transition comprise – mais la production baisse et les paysans s’appauvrissent, les infrastructures routières et agricoles sont laissées à l’abandon au profit de projets futiles et inutiles. On continue à importer du riz , du sucre, de la farine et bien d’autres produits car la production locale n’arrive pas à couvrir la demande. Sans compter le coût du transport et de l’énergie ». Concernant justement le domaine du transport, il est sceptique quant au financement par la France de la réhabilitation du chemin de fer qui coûterait plus de 600 millions d’euros alors que l’engagement de l’AFD à Madagascar depuis 15 ans avoisine le même montant. « Au mieux, la France pourrait peut-être financer l’étude », concède-t-il. Il, c’est évidemment le député de Toamasina I qui ne cache pas non plus son scepticisme sur la restitution des îles Eparses.
Propos recueillis par Nadia R.