La lutte contre le trafic de bois de rose a été annoncée depuis l’arrivée de Hery Rajaonarimampianina à la tête de l’Etat malgache comme l’une des priorités de son régime. Les tentatives de stopper les mauvaises pratiques héritées de la transition n’ont abouti à rien. La chaîne de la corruption engendrée par ce fléau était si solide que les actions envisagées ont été stoppées. Aujourd’hui, cependant, on ne peut que saluer l’opiniâtreté des agents de la branche territoriale du bureau anticorruption à Toliara qui ont réussi à boucler un dossier important dans ce domaine.
Le rôle du BIANCO enfin reconnu
Les déclarations faites par les autorités malgaches sont restées au stade d’effets d’annonce depuis le début du quinquennat du président Hery Rajaonarimampianina. Les premiers ministres qui se sont succédé ont clamé leur volonté de lutter énergiquement contre le trafic de bois de rose. Ils ont affirmé vouloir stopper les exportations illicites. Une juridiction spéciale avait, dit-on, été mise en place pour traduire les trafiquants. Les poursuites engagées n’ont abouti à aucune condamnation sérieuse, l’une des personnalités compromises ayant réussi à s’enfuir à l’étranger. Les complicités au sein de l’administration n’ont jamais été dénoncées. L’affaire qui aurait pu enfin mettre en lumière les malversations de hautes personnalités a été jugée à Singapour et à l’arrivée, on peut dire que la montagne a accouché d’une souris, puisque les importateurs chinois ont été relaxés et qu’aucun des noms cités par la presse malgache n’est apparu dans le jugement. L’association Voary Gasy a bien sûr dénoncé ce verdict complaisant et s’est désolée de la tournure prise par ce procès. Elle a par la suite continué à alerter l’opinion sur la continuation des exportations de bois de rose. Mais elle a semblé prêcher dans le désert, aucune réaction ne venant des autorités. Le Bianco ou bureau de lutte anticorruption n’a cessé depuis plusieurs années d’entreprendre des investigations.qui n’ont abouti à aucune condamnation. L’annonce de l’affaire qui vient d’être révélée par la presse est donc une première qu’il convient de saluer. On espère que d’autres résultats seront mis en lumière et que la culture de l’impunité cessera enfin.
Patrice RABE