
On trouve de temps en temps des proverbes Antakarana-Anjoaty (groupe de personnes qui ont occupé l’extrême Nord et Nord-est de la Grande-Ile) dans les paroles de ses chansons. Une raison pour laquelle il devance plusieurs artistes de son âge. De ce fait, les morceaux de Roméo attirent les jeunes, avec ses belles mélodies, et les adultes nostalgiques des vacances à la campagne.
L’éloquence de ce jeune homme ne date pas d’hier. En vérité, il a fait un long parcours pour en arriver là ! Ayant grandi avec ses grands-parents à Vohemar, une ville semi-rurale située au Nord-est où les dictons, Kabary et Hain-teny sont souvent prononcés par les grandes personnes, Roméo n’éprouve aucune difficulté à écrire ses textes. Curieux et perspicace depuis l’adolescence, il aime assister à des cérémonies culturelles. C’est d’ailleurs, pour lui, une occasion de recueillir des adages et des maximes.
Petit pas. Roméo doit beaucoup à la population d’Antsiranana, car en effet, c’est dans cette ville qu’il a vu monter sa popularité. Après avoir eu ses 14 ans, le jeune garçon quitte Vohemar pour Diégo-Suarez afin de poursuivre ses études secondaires. En ville, les jeunes sont plus influencés par le rock, le jazz, le hip hop, le reggae. Inscrit au CEG François de Mahy, un collège situé presque au centre de la ville, Roméo rencontre trois jeunes garçons qui deviendront les membres du groupe qu’il a formé, Negro Diégo. Ensuite, tous les quatre fondent le groupe M.I.F.J. Dans leur musique, l’émotion prime, et Rom’s et ses camarades parlent principalement d’amour. En effet, les adolescents de nos jours sont plus plongés dans la musique que ceux des générations précédentes notamment grâce à l’évolution de la technologie comme les radios ou les téléphones portables. La musique influence le comportement des jeunes mais aussi son style. Le groupe Negro Diégo est devenu l’un des collectifs les plus écoutés à Antsiranana au début des années 2000. Mais cette célébrité ne durera pas longtemps. Après six ans de la création du collectif, les amis de Roméo ont pris un autre chemin tandis que lui, il continue à chanter. La preuve, il sort son premier single, Nilaozanao, puis enchaîne avec Sexy, un morceau qui a fait de lui le meilleur chanteur de Rnb de la ville. Il faut attendre 2016 pour que le jeune homme cartonne à l’échelle nationale avec son tube ‘Rhum Sakaitany’. « Rhum Sakaitany, Rhum aromatisé avec du gingembre, est une boisson alcoolisée moins chère que les jeunes consomment à Diégo », affirme l’auteur. Il ne décrit pas seulement l’effet provoqué par cette boisson très appréciée, mais, il relate également la vie quotidienne des jeunes « diégolais », une jeunesse qui adore les fêtes, cette jeunesse assoiffée de liberté et pleine d’espoir.
L’étincelle. Avec son Rhum Sakaitany, Rom’s conquit en quelque mois les grandes villes de Madagascar. Il est revenu de loin. Dès lors, il enchaîne des morceaux comme Nofy marigny et Paralysé, des tubes très écoutés dans les quartiers de la Capitale tels que 67 ha et Ambohipo. En 2018, il s’ouvre à d’autres sonorités. Désormais, la musique de Roméo se tourne vers le genre extra-africain, l’a plié aux langues vernaculaires pour tenir chronique sociale et critiquer, avec une visée pédagogique, en s’appuyant sur des réseaux de jeunes engagés dans la réhabilitation des quartiers délabrés des grandes villes comme Antsiranana, Toamasina ou encore Antananarivo. Néanmoins, le chemin est encore long pour le « diégolais ». Bien que éloquent, attirant, et impressionnant, il va devoir prouver aux jeunes malagasy qu’il est à la hauteur dans cette concurrence musicale qui fait rage à Madagascar. L’artiste a du pain sur la planche !
Iss Heridiny