Ce jour rappelle qu’il y a 39 ans passés, disparaissait dans un attentat le Colonel de gendarmerie Richard Ratsimandrava. Le général Gabriel Ramanantsoa, Chef d’ Etat de la Transition à l’époque, lui avait remis les pleins pouvoirs cinq jours auparavant pour diriger le pays. La vérité sur les auteurs de ce coup d’Etat criminel n’a jamais été établie jusqu’à présent. L’histoire retiendra cependant qu’à cette époque, la vie politique et militaire a été un véritable panier à crabes. Le pouvoir est revenu à un directoire militaire qui l’a remis à l’un de ses membres, le capitaine de frégate Didier Ratsiraka qui sera élu quelques mois plus tard Président de la République. Les assassins du Colonel Ratsimandrava sont-ils toujours vivants ? Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis cet assassinat jamais élucidé par la Justice malgache.
Rompre avec le passé
Le coup d’Etat de 2009 s’est passé moins violemment. Le Président de la République Marc Ravalomanana a réussi à fuir et s’exiler en Afrique du Sud après avoir été sommé de remettre le pouvoir à un directoire militaire qui, à son tour, l’a remis à Andry Rajoelina, le révolutionnaire orange de service. La transition sous la direction de ce dernier a duré pratiquement cinq ans. La République n’a redoré son blason qu’après une élection démocratique, sous grande surveillance internationale. Le nouveau Président de la République, Hery Rajaonarimampianina veut rompre avec le passé. Il veut apporter du changement en prônant la réconciliation nationale et le respect des droits de l’homme pour développer le pays. Parmi les premières mesures qu’il a prises figure en bonne place la possibilité donnée à Lalao Ravalomanana et ses enfants d’aller à l’étranger et de revenir au pays sans inquiétude comme tout citoyen malgache. Les autres mesures qu’il a décidées ont trait à la gouvernance et rappellent à tous et à toutes que l’Etat de droit est en marche et n’a pas été vidé de tout son sens. Mais le Président Hery Rajaonarimapianina n’a toujours pas procédé aux nominations qui rassureraient davantage les électeurs et partant la population lors de l’avènement d’une nouvelle République. Les mêmes hommes sont toujours aux commandes et cela donne l’impression au niveau de l’opinion que le Président de la République a choisi une politique de continuité. Mais ce serait ne lui accorder aucune grâce que de lui faire ce procès après seulement douze jours de pouvoir. La communauté internationale l’encourage à rompre avec le passé. La nomination prochaine du Premier ministre et la composition du gouvernement éclaireront la voie qu’il compte suivre. Une chose est sûre, il ne peut mettre à cette place, malgré les pressions politiques pour les intérêts particuliers, que la personne efficace qui a foi en la victoire dans tous les combats que le président de la République veut gagner et qui ont été esquissés dans son discours d’investiture pour sortir le pays de la crise.
Zo Rakotoseheno