
Enième vindicte populaire dans le pays. La ville réputée calme d’Ambanja est devenue une ville morte hier. Des tirs avec des balles réelles y ont retenti…
Même topographie que les précédentes vindictes populaires depuis le début de cette année. Hier, les villageois d’Ambanja ont été mis au courant de l’arrestation par la gendarmerie d’un dénommé Ravo, un présumé criminel. Il aurait tué froidement une personne de la localité, trois semaines auparavant. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre à Ambanja et le bouche à oreille aidant, une dizaine puis une centaine de personnes se sont rassemblées pour rejoindre la prison locale. Le groupe d’individus a demandé la libération immédiate de Ravo afin que la foule puisse l’exécuter. Rapidement, les agents pénitenciers ont renforcé la défense de la prison. Emportés par le mouvement de masse, les gens n’ont voulu rien savoir d’autre que d’entreprendre la libération, même par la force, du présumé criminel. Il a fallu alors recourir à des tirs de sommation, a-t-on appris de sources concordantes.
Ecole fermée. Une première mesure qui n’a pas empêché les assaillants d’investir la maison d’arrêt de la ville. Plus tard, d’autres tirs ont retenti sur place. A l’heure où nous mettons sous presse, six individus ont été blessés et évacués à l’hôpital de la ville. Parmi eux, trois collégiens de l’école publique (CEG). Les boutiques et écoles ont décidé de fermer leurs portes. Idem pour les bâtiments administratifs rapidement désertés par leurs occupants. Et l’on comprend la décision lorsque l’on a en face une foule en furie. En début de soirée, les éléments des forces de l’ordre et les manifestants ont continué de s’affronter. Nous rapporterons l’évolution de la situation dans notre prochaine édition. 2017, une année noire en matière du respect des droits de l’Homme. Jamais dans son histoire, le pays n’a vécu pareille situation. Des gens tuent leurs congénères pour éviter le système judiciaire. Second schéma, les gens demandent à soustraire des présumés coupables entre les mains des forces de l’ordre, toujours dans l’optique d’éviter la justice. Enfin, des éléments des forces de l’ordre entament des expéditions punitives pour venger les leurs, victimes de vindictes populaires. Et c’est ainsi que la justice populaire prend le dessus dans le pays. Pire encore, la pratique risque de devenir une norme sociale si des mesures sévères ne sont pas trouvées dans un meilleur délai…
D.R